
Madame Ngom, dite Aïssata Lam a osé. Oui, osé. Dans un geste de félicitations tout ce qu’il y a de plus républicain, elle a serré dans ses bras Sidi Ould Tah, fraîchement élu à la tête de la Banque Africaine de Développement. Une accolade, un simple geste humain, chaleureux, respectueux, pour saluer une victoire que même les chancelleries les plus protocolaires ont saluée sans sourciller.
Mais il n’en fallait pas plus pour déclencher la fureur des pisse-froids islamo-frustrés, en manque chronique de causes à défendre. Les voilà en surchauffe morale, convoquant Coran, coutumes et codes d’honneur pour faire de cette accolade un crime de lèse-Islam, une apocalypse symbolique, un sacrilège en plein jour.
Ils ignorent — ou feignent d’ignorer — la relation amicale, presque familiale, qui lie Aïssata Ngom et Sidi Ould Tah depuis des années, et que des proches ont confirmée sans ambiguïté. Vont-ils maintenant ouvrir des enquêtes de moralité sur les affections simples, les amitiés sincères, les fratries de lait ou les liens d’estime entre êtres humains normalement constitués ? Jusqu’où iront-ils dans leur délire inquisitorial ?
Ces champions de l’indignation sélective, eux qui s’accommodent parfaitement de la corruption d’État, des fortunes volatilisées, de l’éducation effondrée, de l’esclavage rampant et des injustices structurelles, retrouvent soudain un sens de l’éthique… pour une accolade.
Ironie tragique ou comédie nationale ?
Quand des milliards s’évaporent dans des comptes à Dubaï, silence. Quand les hôpitaux tuent par négligence, silence. Quand les inégalités écrasent les plus faibles, silence. Mais qu’une femme — instruite, libre, digne, debout — ose saluer un compatriote, et les voilà tous à hurler à l’effondrement des valeurs.
Il est toujours plus facile d’attaquer une femme qu’un système. Toujours plus tentant de hurler sur les formes que de dénoncer les fonds.
Madame Ngom n’a pas à s’excuser d’avoir été simplement humaine. Ceux qui devraient s’excuser, ce sont ces moralistes à géométrie variable qui utilisent la religion comme cache-sexe de leur frustration sociale ou de leur phobie des femmes libres.
Alors oui, elle a félicité Sidi. Et alors ? Devait-elle détourner les yeux ? Feindre l’indifférence ? Faire semblant de ne pas le connaître ? Non. Elle a reconnu une réussite nationale, avec dignité et naturel. Et c’est peut-être ça, le véritable scandale pour certains : qu’une femme ose exister pleinement, dans l’espace public, sans permission ni soumission.
Messieurs les gardiens du vide moral, gardez vos indignations frelatées. La République, elle, continue — avec ou sans vous.
Wetov.
SY Mamadou
(Reçu à Kassataya.com le 31 mai 2025)
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