Interdite de voyage, l’équipe érythréenne de football accueille son premier tournoi depuis cinq ans

Alors que le dictateur Isaias Afwerki empêche les clubs et sélections nationales de se rendre à l’étranger pour éviter la fuite des joueurs, le régime espère se servir de ces trois matchs, organisés à Asmara contre le Soudan du sud et le Niger, pour redorer son image.

Le Monde  – Sur la page Wikipedia (en anglais) de la sélection nationale érythréenne, le temps s’est arrêté le 25 janvier 2020, date du dernier match amical des Red Sea Boys, à Asmara, face au Soudan (0-1). La dernière convocation de joueurs remonte à novembre 2019, alors que l’Erythrée s’apprêtait à affronter la Namibie pour les qualifications pour la Coupe du monde 2022. Depuis, plus rien. Une page blanche pour cette nation de la Corne de l’Afrique, souvent comparée à la Corée du Nord pour son régime répressif et autarcique.

Du 25 au 31 mai, le temps sera venu de rafraîchir les dernières informations concernant une sélection qui, faute de matchs officiels, n’apparaît plus dans le classement de la FIFA depuis 2024, où elle s’était hissée à la 121e place, en juin 2007. L’Erythrée va en effet effectuer son retour sur la scène internationale, le temps d’un tournoi à trois baptisé « tournoi de l’Indépendance ». « Nous allons accueillir le Soudan du Sud et le Niger, à l’occasion des célébrations du trente-deuxième anniversaire de notre indépendance. Les trois matches auront lieu à Asmara, au Cicero Stadium », détaille Paulos Weldehaimanot Andemariam, le président de la fédération érythréenne de football.

Des athlètes qui cherchent à fuir le pays

Pour cette occasion, Asmara doit assumer l’ensemble des fraishébergement, nourriture et transports dans la capitaledes délégations nigérienne et sud-soudanaise. L’organisation de ce tournoi, qui s’inscrit dans les différentes manifestations organisées pour célébrer l’indépendance, obtenue le 24 mai 1993, a été validée par le président, Isaias Afwerki, qui dirige d’une main de fer son pays depuis cette date.

« Rien ne se fait, en Erythrée, sans son aval. Je doute que celui-ci s’intéresse au football, mais comme l’une des uniques occupations du ministère des affaires étrangères consiste à organiser des festivités pour l’indépendance et à inviter à Asmara quelques visiteurs étrangers, cela va lui permettre de faire un peu parler de lui », résume l’historien français Gérard Prunier, spécialiste de la corne de l’Afrique et auteur de plusieurs livres sur cette région.

La longue période d’inactivité de l’ensemble des sélections nationales et des clubs a été imposée par le dictateur érythréen après la fuite d’une soixantaine de joueuses, joueurs et membres, lors de séjours à l’étranger. Sur injonction présidentielle, la fédération locale avait alors dû déclarer forfait quelques jours avant le début des qualifications pour la Coupe du monde 2026 et un match au Maroc, prévu le 16 novembre 2023.

« La question est de savoir si le pouvoir érythréen autorisera dans un avenir proche les équipes de football à voyager, ce dont je doute, poursuit Gérard Prunier. La dictature érythréenne est tellement féroce que ses ressortissants sont prêts à demander l’asile politique dans n’importe quel pays, même peu démocratique. Et Afwerki le sait. »

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Source : Le Monde

 

 

 

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