
La mauvaise santé de l’hôpital national de Nouakchott et au-delà celle des hôpitaux à l’intérieur du pays est un secret de polichinelle. Les observateurs ne sont pas surpris de cet aveu même de l’ancien ministre de la Santé que les Mauritaniens se soignent à l’étranger.
Cet aveu d’échec de la politique sanitaire du pays relance la privatisation dans ce secteur vital où les responsables successifs sont incapables de mettre des financements nécessaires pour moderniser l’hôpital national dans une capitale qui compte maintenant plus d’un tiers de la population. La réalité est amère. La Mauritanie dispose de 2 médecins pour 10 habitants et plus de 30 pour cent des Mauritaniens n’ont pas accès aux soins. Alors qu’elle consacre plus de 11 milliards d’ouguiyas à la défense. Ces chiffres inquiétants mettent à nu un système de santé déliquescent. C’est la crise structurelle qui est pointée du doigt comme en témoigne le budget 2025 de la santé qui avoisine seulement plus de 2 milliards d’ouguiyas dont plus de 14 pour cent sont destinés aux infrastructures.
Cette anomalie structurelle peut être corrigée avec au moins l’idée d’un hôpital privé. Il ne s’agit pas de privatiser le secteur mais de combler des lacunes du service public en offrant une opportunité comme l’atteste l’existence de cliniques privées. C’est bien vrai que cette alternative profite plus aux nantis. Mais cette concurrence pourrait créer une émulation pour rendre plus performant les hôpitaux publics. En avouant que les Mauritaniens se soignent à l’étranger, le ministre de la Santé reconnaît implicitement la faiblesse congénitale du système de santé. Le plus grand défi de l’hôpital national c’est au moins d’avoir un plateau médical conséquent d’ici 2029.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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