France – Assassinat d’un musulman dans une mosquée du Gard : le suspect a exprimé dans une vidéo sa volonté de devenir un « tueur en série »

Après trois jours de cavale, Olivier A. s’est rendu dans un commissariat proche de Florence, en Italie. Si l’hypothèse d’un acte antimusulman est privilégiée, les enquêteurs envisagent aussi d’autres pistes de travail. Le suspect a en effet exprimé sur les réseaux sociaux, avant son passage à l’acte, mais aussi après, son intention de tuer, sans préciser la religion de ses victimes.

Le Monde  – Trois jours de cavale se sont achevés au commissariat de Pistoia, non loin de Florence, en Italie. Olivier A. , meurtrier présumé d’un fidèle musulman dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, vendredi 25 avril, s’est rendu de lui-même aux policiers italiens, dimanche, vers 23 heures.

Vendredi, aux alentours de 8 h 30, ce Français d’origine bosnienne âgé de 20 ans avait fait irruption dans la mosquée Khadidja. Il était tombé sur le seul fidèle présent à cette heure, Aboubakar Cissé, un Malien de 23 ans, qu’il ne connaissait pas. Sur les images de vidéosurveillance, on aperçoit les deux hommes discuter puis se diriger vers la salle de prière. Tandis qu’Aboubakar Cissé s’agenouille pour prier, le suspect fait mine de l’imiter avant de l’assassiner d’une quarantaine de coups de couteau.

Olivier A. filme avec son téléphone sa victime en train d’agoniser au sol et se félicite de son acte. « Je l’ai fait, je l’ai fait », se réjouit-il. Il prononce ensuite quelques mots incompréhensibles et ajoute : « Ton Allah de merde, ton Allah de merde. » Le lieu de l’attaque, la confession de la victime et les propos tenus sur cette vidéo publiée par l’assassin sur Snapchat ont naturellement conduit les enquêteurs à privilégier l’hypothèse d’un crime islamophobe.

« Je vais devenir un tueur en série »

« La piste numéro un est celle d’un acte antimusulman, confirmait dimanche soir au Monde le procureur d’Alès, Abdelkrim Grini. Mais elle n’est pas la seule. Les éléments recueillis depuis quarante-huit heures permettent de penser qu’il y a peut-être d’autres pistes à étudier concernant le fond du dessein du suspect lorsqu’il a commis cet horrible assassinat. Si le mobile islamophobe apparaît en premier, il pourrait y avoir autre chose de manière sous-jacente. »

Avant son passage à l’acte, Olivier A. avait exprimé sur ses réseaux sociaux son intention de tuer, mais sans préciser la religion de ses victimes. Et après s’être félicité de son crime dans la vidéo qu’il a tournée dans la mosquée, il avait ajouté qu’il devait encore faire deux victimes pour être considéré comme un « tueur en série ». Selon la retranscription qu’en a faite au Monde une source proche de l’enquête, il se serait exclamé, en substance : « Je vais devenir un tueur en série ! On va dire que je suis un tueur en série ! » « A-t-il délibérément ciblé cette mosquée ou s’agit-il d’une cible d’opportunité dans son parcours meurtrier ? », s’interroge cette source.

La crainte d’un nouveau passage à l’acte avait motivé la mobilisation de plus de 70 policiers et gendarmes pour traquer le suspect. Issu d’une famille de culture chrétienne et non pratiquante, sans activité et inconnu des services de police comme de la justice, Olivier A. pourrait avoir des liens avec la communauté des gens du voyage originaires du Monténégro, avançait dimanche, sans certitude, une source proche de l’enquête.

Lundi matin, le procureur d’Alès s’est félicité auprès de l’Agence France-Presse de son interpellation : « Face à l’efficacité et à la détermination des moyens mis en place, l’auteur n’a eu pour seule issue que de se rendre, et c’est la meilleure chose qu’il pouvait faire. » Un juge d’instruction français va être saisi et un mandat d’arrêt européen émis en vue de son transfèrement en France, où son crime a provoqué un émoi national, notamment parmi les communautés musulmanes.

Sécurité renforcée devant les mosquées

En déplacement à la sous-préfecture d’Alès, où il a rencontré le procureur de la République et des représentants locaux des communautés musulmanes, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, avait tenu à les rassurer dimanche après-midi : « Bien sûr, la piste d’un acte antimusulman n’est pas du tout négligée, bien au contraire, a-t-il insisté. C’était une mosquée, un lieu de culte, un lieu de paix, un lieu de prière et de recueillement, et ce jeune homme priait son Dieu. »

Le ministre a néanmoins aussitôt ajouté qu’il existait d’autres hypothèses de travail : « On ne connaît pas encore les mobiles, mais le procureur de la République ne néglige aucune piste et, une fois de plus, il est hors de question de tolérer dans cette société hyperviolente ce genre d’acte. »

Un peu plus tard dans la soirée, sur BFM-TV, Bruno Retailleau a précisé avoir, « dès vendredi », demandé de renforcer les mesures de sécurité des lieux de culte du Gard, et avoir depuis envoyé un télégramme « à tous les préfets pour que toutes les mosquées en France soient davantage protégées qu’elles ne le sont ». Il est par ailleurs allé un peu plus loin sur le mobile encore trouble de l’assassin présumé, en indiquant que le suspect avait tenu « des propos qui relèvent d’un tueur en série ».

Si les questions autour du mobile de ce crime et sa dimension islamophobe nourrissent légitimement une profonde inquiétude dans les communautés musulmanes, et plus largement au sein de l’opinion, il faudra désormais attendre le transfèrement d’Olivier A. en France et ses interrogatoires pour tenter de faire la lumière sur ses motivations profondes.

 

 

 

 

 

 

 

Source : Le Monde

 

 

 

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