
Courrier Expat – Faudra-t-il désormais, pour pouvoir voyager aux États-Unis, laisser à la maison téléphones, tablettes, ordinateurs portables et appareils photo ?
Le 9 mars, à l’aéroport de Houston, au Texas, un chercheur français en mission pour le CNRS a vu son téléphone et son ordinateur portable fouillés par des agents du Service des douanes et de la protection des frontières (US Customs and Border Protection, CBP). Ces derniers lui ont ensuite interdit l’entrée aux États-Unis et ont confisqué ses appareils, rapporte The New York Times. Trois jours plus tard, à Boston, Rasha Alawieh, médecin et professeure adjointe à l’Université Brown de Rhode Island, a connu une mésaventure similaire : à la suite d’une fouille en règle de son téléphone portable par les agents du CBP, elle s’est vu retirer son visa avant d’être expulsée vers son pays, le Liban, indique CNN.
Dans le cas du chercheur français, la nature des découvertes faites par les douaniers américains reste assez peu claire. Un échange WhatsApp avec un collègue à propos de manifestations contre les attaques de l’administration Trump à l’égard des scientifiques ? Ou bien des informations confidentielles provenant du Laboratoire national de Los Alamos, connu pour ses recherches dans le domaine nucléaire ? Dans le cas de Rasha Alawieh, en revanche, on sait que les agents du CBP ont trouvé sur son téléphone des photos et des vidéos prouvant qu’elle avait assisté, comme des dizaines de milliers de personnes, aux funérailles de Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah, le 24 février à Beyrouth, explique L’Orient-Le Jour.
Ce qu’il faut savoir
“Oui, les douaniers ont le droit d’accéder au contenu de vos appareils électroniques”, titre USA Today. Téléphones, ordinateurs, appareils photos “et tout autre appareil électronique en possession d’un voyageur désireux de rentrer aux États-Unis”. Des contrôles jusqu’à présent très rarement mis en œuvre. “Je voyage beaucoup, j’ai des clients qui eux aussi voyagent beaucoup, de toutes nationalités et avec tous les types de visa, et personne ne s’était encore plaint de ce genre de fouilles jusqu’à présent”, confie Susanne Heubel, avocate spécialisée en droit de l’immigration.
Le CBP peut même procéder à deux types de contrôle, précise le Washington Post. Une fouille basique, limitée à un examen manuel de votre appareil, et une fouille approfondie, via la connexion à un équipement externe qui copie et/ou analyse tout ce que contient l’appareil. Un agent du CBP n’est pas autorisé, en revanche, à consulter e-mails professionnels et autres données stockées dans le Cloud, “mais si vos profils sur les réseaux sociaux sont publics, il lui sera facile d’y accéder”, souligne Susanne Heubel.
Vous n’êtes pas obligé de livrer les codes d’accès à vos appareils, “mais un refus peut avoir des conséquences sur la suite de votre voyage”. Tout dépend de votre statut, prévient le Washington Post.
Les citoyens américains pourront rentrer dans le pays quoi qu’il arrive, mais ils risquent d’être placés en détention et de se voir confisquer leurs appareils. Les étrangers résidents permanents aux États-Unis ne peuvent pas être expulsés ni voir leur carte verte annulée sans une audience devant un juge de l’immigration. Quant aux ressortissants étrangers titulaires d’un visa ou d’une autorisation ESTA (Electronic System for Travel Authorization), ils peuvent se voir refuser l’entrée aux États-Unis s’ils refusent de répondre aux questions et réquisitions d’un agent du CBP.
Source : Courrier Expat
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