Réponse à l’Article Intitulé « Youssouf Koïta était un tolérant » publié par Ely Ould Sneiba

« Qui ne dit rien, consent, » dit l’adage. Après avoir lu l’article de Mr. Ely Ould Sneiba incriminant les Pulaar d’une manière inouïe, je suis moralement obligé d’y réagir pour deux raisons. Car, je me sens offensé en tant que membre de la communauté Soninke et en tant que citoyen mauritanien.

Incontestablement, Feu Youssouf Koïta, Ex-Président de l’Assemblée nationale de la Mauritanie qui fut un leader charismatique et visionnaire est la fierté de la nation toute entière. Il n’épargna aucun effort á contribuer la construction de cet État naissant. Grace à son génie politique, il travailla intelligemment et stratégiquement à la consolidation des acquis nationaux et à contribuer au rayonnement international du pays.

L’homme d’État qu’il fut, a pleinement rempli sa mission en tant que digne patriote. Ces actes resteront gravés dans notre mémoire collective. En raison de sa contribution remarquable, il mérite une reconnaissance exceptionnelle à la dimension nationale qui sied á sa stature. Nous prions pour que son âme repose en paix, et que son œuvre continue de nous inspirer dans le sens de la construction d’une Mauritanie juste et égalitaire conformément á sa vision.

Exploiter la stature d’un tel homme d’État à des fins de divisions éthniques est non seulement immoral et contreproductif, mais contraire á sa vision. A travers son article, Mr. Ely Ould Sneiba a fait recours à la tactique de diviser pour mieux régner en opposant les Soninke aux Pulaar. Il doit comprendre que sa tentative de division est un coup d’épée dans l’eau, puisque les liens que les deux communautés ont tissés au fil des siècles sont incassables. Je suis convaincu que l’écrasante majorité des membres de la communauté Soninke sont profondément offensés par ses propos les présentant comme des personnes dociles et soumises. Ce qui est une vision totalement erronée de cette communauté dont il ignore tout.

Tout comme les Pulaar, les Haratine, les Wolof, les Bambara, les Soninke sont victimes de l’injustice et l’exclusion qui sévissent Mauritanie. Comme toutes les victimes, ils souffrent dans leur âme et chair. Cet article est une atteinte flagrante de la dignité Soninke.

En tant que membre cette communauté je m’insurge contre cette caractérisation abjecte de ses membres. Par ailleurs, j’exprime ma solidarité pleine et entière á mes sœurs et frères Pulaar qui après avoir enduré tant de souffrances font l’objet d’une nouvelle attaque déraisonnable qui remue le coupeau dans la plaie encore béante.

Car le passif humanitaire demeure sans solution, et les refugies mauritaniens continuent leur errance dans des camps au Sénégal et au Mali. Il est inacceptable de fustiger une communauté sur la base de préjugés personnels ou d’intentions inavouées alors que ses enfants ont joué un rôle central dans la construction de la nation. Parmi la longue liste de leurs contributions nous pouvons citer celle de Feu Tene Youssouf Gueye, qui en sa qualité de premier représentant de la Mauritanie aux Nations Unies guida avec succès les premiers pas de la diplomatie du pays sur la scène internationale au moment où les défis étaient multiples. Et avec vaillance, ses fils défendirent la patrie en danger lors de la guerre du Sahara.

De grâce, les Mauritaniens n’ont pas besoins de propos diffamatoires. Mais plutôt, ils ont besoin de discours conciliateurs épaulés par des actes concrets pour bâtir une Mauritanie unie basée sur l’égalité et la justice pour tous, sans aucune forme de discrimination. Car nous sommes tous égaux
en dignité et en droit.

Bakary Tandia

Human Rights Advocate
New York City le 10, Mars 2025