La Chine annonce des représailles après l’escalade commerciale de Donald Trump

En réponse à la hausse de 10 % des droits de douane sur tous ses produits annoncée par Washington, Pékin a, mardi 4 mars, augmenté ses tarifs sur une série de produits agroalimentaires américains, et ciblé les entreprises de la défense.

Le Monde – La réplique n’aura pas tardé. Mardi 4 mars, dans la foulée de l’entrée en vigueur de nouveaux droits de douane de 10 % imposés par Donald Trump sur tous ses produits, Pékin a ciblé en réponse les exportations agricoles américaines ainsi que des entreprises du secteur de la défense. Particulièrement exposée, la Chine, première puissance exportatrice de la planète, est entraînée par le nouveau président américain dans une escalade de représailles commerciales. Elle ne l’a ni initiée ni désirée, mais se retrouve contrainte de répondre pour montrer qu’il n’est pas question de céder aux méthodes de Washington, ni de courber l’échine devant la première puissance mondiale. Pékin s’est dit prêt mardi à « aller jusqu’au bout » dans la riposte.

Le gouvernement chinois a annoncé des droits de douane de 15 % supplémentaires sur le poulet, le blé, le maïs et le coton en provenance des Etats-Unis, et de 10 % sur le soja, le porc, le bœuf, les produits de la mer, les fruits et légumes et les produits laitiers. En visant l’agriculture, la Chine tente de faire mal aux régions qui ont largement voté pour Trump, comme elle l’avait déjà fait en 2018, alors que s’engageait la première guerre commerciale avec le Républicain.

La Chine, depuis, a réduit sa dépendance à l’agriculture américaine. Le Brésil était devenu, dès 2017, son premier fournisseur de denrées alimentaires. La proximité diplomatique entre ces deux pays qui, en mai 2024, ont présenté une feuille de route commune pour mettre fin à la guerre en Ukraine, n’a fait que renforcer leur désir de complémentarités commerciales. Pékin constate que Brasilia est un fournisseur bien moins risqué que Washington. En janvier, le géant étatique chinois de l’agroalimentaire Cofco a fait savoir que 75 % de ses livraisons de soja viennent désormais du Brésil.

Particulièrement agressif

 

Alors que l’économie chinoise est au bord de la déflation depuis des mois, une hausse du coût des denrées alimentaires, si elle est légère et maîtrisée, n’irait par ailleurs pas à l’encontre de l’objectif du gouvernement chinois de redresser les prix. Mais la Chine sait également qu’elle est sur une ligne de crête, elle qui est un importateur agricole net, historiquement inquiet de la difficulté à nourrir son importante population. L’Etat a d’ailleurs présenté, le 23 février, un plan de « revitalisation » de son agriculture.

Pékin a également bloqué, mardi, tout commerce et investissement avec dix entreprises du secteur de la défense et de l’aéronautique américain et en a placé quinze autres sur une liste de strict contrôle des exportations. Le pays avait déjà annoncé, début février, l’imposition de droits de douane de 15 % sur le charbon et le gaz naturel liquéfié en provenance des Etats-Unis et de 10 % sur le pétrole brut et les machines agricoles. Cela, en réponse à une première hausse de 10 % des droits de douane par Donald Trump.

Le moment choisi par le président américain pour décréter ce second assaut commercial est vu comme particulièrement agressif par la Chine, à la veille de l’ouverture, pour dix jours, de la session de l’Assemblée nationale populaire, au cours de laquelle près de 3 000 délégués affluent à Pékin. La direction politique utilise habituellement ce moment pour projeter une image de confiance et de stabilité.

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 (Pékin, correspondant)

 

 

Source : Le Monde

 

 

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