États-Unis – En gelant l’aide militaire américaine à l’Ukraine, Trump impose un “ultimatum” à Kiev

Courrier international – C’est “essentiellement un ultimatum” que la Maison-Blanche vient d’adresser à Kiev, analyse The New York Times. Le président américain, Donald Trump, a mis le lundi 3 mars sa menace à exécution en ordonnant une “pause” dans l’aide militaire des États-Unis à l’Ukraine, trois jours après son altercation spectaculaire à Washington avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky.

“Nous réexaminons notre aide pour nous assurer qu’elle contribue à la recherche d’une solution” au conflit entre Kiev et Moscou, a déclaré un responsable de la Maison-Blanche sous le couvert de l’anonymat. “Le président a clairement indiqué qu’il se concentrait sur la paix. Nous avons besoin que nos partenaires s’engagent eux aussi à atteindre cet objectif”, a-t-il ajouté.

Selon The Washington Post, la décision a été prise lors d’une réunion lundi à la Maison-Blanche, durant laquelle étaient notamment présents le vice-président J. D. Vance, le secrétaire d’État Marco Rubio et le ministre de la Défense Pete Hegseth.

Sans évoquer directement la suspension de l’aide militaire, le vice-président américain, J. D. Vance, a estimé lundi, dans un entretien à la chaîne Fox News, que le président ukrainien avait “montré un refus clair de s’engager dans le processus de paix” souhaité par Donald Trump. “Je pense que Zelensky n’y était pas encore, et je pense, franchement, qu’il n’y est toujours pas, mais je pense que nous finirons par y arriver. Il le faut”, a-t-il dit. Il s’en est aussi pris aux Européens, les appelant à être “réalistes”, car “cette guerre ne peut pas durer indéfiniment”.

Le soutien des Européens insuffisant

Pour CNN, la pause annoncée lundi “représente le signe le plus concret de la détérioration des relations” entre Kiev et Washington depuis l’arrivée au pouvoir de Trump.

La décision de l’administration républicaine “oblige Zelensky à accepter un cessez-le-feu selon les conditions dictées par Trump, sous peine de condamner le pays à des pertes encore plus lourdes sur le champ de bataille”, note le New York Times.

“L’Ukraine dispose probablement de suffisamment d’armes pour continuer à combattre la Russie au rythme actuel jusqu’au milieu de cette année”, ont affirmé plusieurs sources occidentales au Wall Street Journal. Ceci en partie grâce “aux nouvelles armes approuvées par l’administration Biden” à la fin de son mandat, souligne le quotidien conservateur américain.

Cette dernière est déjà très largement soldée, mais il restait encore des équipements et armes à livrer qui ne seront donc pas envoyés à l’Ukraine, après la décision adoptée par l’administration Trump.

Et par la suite, “même si les pays européens pourraient être en mesure de remplacer les livraisons d’artillerie américaines”, l’Ukraine aura aussi besoin d’armes plus avancées, qui jusqu’ici ont été livrées par les États-Unis, rappelle CNN. Ce sont “ces armes sophistiquées – notamment les missiles ATACMS à longue portée – qui ont permis à Kiev de frapper profondément le territoire russe”, souligne la chaîne d’information.

L’“impact” de cette décision va être “important. Je dirais même, paralysant” pour l’Ukraine, a estimé l’ex-militaire et analyste Mark Cancian, interrogé par CNN.