Route des Canaries : arrêté en Mauritanie, un trafiquant responsable de la mort de 180 migrants a été extradé vers l’Espagne

Info MigrantsVendredi 21 février, la police espagnole a annoncé avoir reçu et placé en détention provisoire le présumé chef d’un réseau de passeurs arrêté en Mauritanie. Il est soupçonné d’avoir organisé des dizaines de traversées de migrants vers les Canaries au cours desquelles 180 personnes ont disparu.

Mohamed SS, alias « Mastermind », est un homme de 51 ans. Il est suspecté d’être à la tête d’un réseau de passeurs entre la Mauritanie et les îles Canaries. Il a été arrêté en Mauritanie le 9 août 2024 et est accusé d’avoir affrété au moins 73 bateaux de migrants depuis 2021. Selon l’enquête, 3 594 migrants ont participé à ces voyages au cours desquels au moins 180 personnes ont disparu.

En vertu d’un mandat d’arrêt international pour atteintes aux droits des étrangers et appartenance à une organisation criminelle émis par l’Espagne, il a été remis la semaine dernière au bureau d’Interpol à Madrid avant d’être livré à la police espagnole des Canaries, ont indiqué les autorités vendredi 21 février. Depuis, il a été placé en détention provisoire pour trafic de migrants.

Vaste réseau

 

L’enquête débutée en 2021 a permis de mettre à jour un réseau qui, depuis la ville de Laâyoune au Sahara occidental, organisait la venue des migrants jusqu’au Sahara occidental puis leur faisait traverser la frontière de la Mauritanie. Ensuite, ils embarquaient dans des pirogues depuis le nord du pays pour faire route vers les Canaries. Toujours selon l’enquête, le suspect jouait un rôle central dans le recrutement des migrants originaires d’Afrique subsaharienne, du Bangladesh et du Pakistan.

Les immigrés qui utilisaient les services de cette mafia payaient jusqu’à 15 000 euros pour l’acheminement jusqu’en Mauritanie et la traversée.

Selon les témoignages recueillis par la police espagnole, les migrants ont été victimes de mauvais traitements de la part de l’organisation criminelle. Outre les conditions de voyage précaires, nombre d’entre eux ont fait état de violences physiques et d’actes d’intimidation, certains ont évoqué l’usage d’armes à feu par les passeurs pour obtenir des paiements supplémentaires. Des cas de séquestration ont également été signalés.

Accord sur la migration

 

Cette coopération judiciaire entre les autorités espagnoles et mauritaniennes témoigne du rapprochement entre les deux pays sur la question migratoire. En visite en Mauritanie en août dernier, le Premier ministre espagnol a signé un accord avec la Nouakchott pour renforcer la coopération dans la lutte contre les passeurs et œuvrer en faveur d’une migration régulée.

Ainsi, Pedro Sanchez s’est engagé à mettre en place un processus de sélection des travailleurs mauritaniens autorisés à venir travailler légalement en Espagne en échange d’un durcissement de la législation mauritanienne sur l’immigration clandestine.

Cette mobilisation du Premier ministre espagnol intervient alors que le nombre de traversées vers les Canaries a connu une hausse record. Sur l’ensemble de 2024, les Canaries ont dû prendre en charge près de 47 000 migrants. Du jamais vu pour ce petit bout de terre dans l’océan Atlantique, qui fait face depuis plusieurs mois à une saturation de plus en plus importante de son système d’accueil.

Et cette augmentation du nombre d’arrivées s’accompagne d’une hausse bien plus funeste : celle des décès sur cette route. Face à l’extrême dangerosité de cette voie migratoire, en plein océan Atlantique, à la merci des intempéries et des forts courants, de plus en plus de personnes périssent chaque année en tentant la traversée depuis la côte nord-ouest du continent africain. En 2024, près de 10 000 personnes ont ainsi perdu la vie ou ont disparu en mer en essayant de gagner les îles espagnoles, contre 6 000 en 2023, selon un rapport publié fin décembre par l’ONG Caminando Fronteras.

Arrestations fréquentes

 

Les arrestations de chefs de réseaux sont rares mais des passeurs et des petites mains sont régulièrement arrêtés sur cette route. Mercredi, les autorités espagnoles ont par exemple annoncé l’arrestation de sept personnes. Elles sont soupçonnées d’être à l’origine de la mort de huit migrants, dont un bébé de quatorze mois, en fin d’année dernière au large des Canaries. Toutes ont été placées en détention provisoire.

Une affaire similaire était survenue le 29 décembre 2024. Sept passeurs ont été arrêtés par la Garde civile à Tenerife, soupçonnés d’avoir assassiné quatre migrants lors d’une traversée dans l’Atlantique.

 

 

 

 

Source : Info Migrants

 

 

 

 

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