Mauritanie – Présidentielle 2029 : Succession ouverte ?

Le CalameLe président du Conseil Constitutionnel, Diallo Mamadou Bathia, avait mis en garde les acteurs politiques et leurs proches contre une campagne électorale anticipée. Il redoutait qu’ils mettent le pays en campagne pendant cinq ans.

L’homme semble avoir vu juste. C’est en effet dès la réélection du président Mohamed Cheikh Ghazouani, en Juin 2024, que certains salons ont commencé à lorgner du côté de sa succession. Et l’on constate, depuis quelques semaines sur les réseaux sociaux, des querelles de positionnement auprès des potentiels successeurs du marabout-président.

Chacun y va de son petit blog, de son group WhatsApp, de son site Internet pour défendre son favori. Des ballons d’essai sont lancés par les uns et les autres. Imam Cheikh, un de nos grands journalistes et observateurs, s’est dit étonné et surpris par ces sorties avant l’heure ; dans un de ses posts, il met en quelque sorte à son tour garde contre une campagne électorale anticipée qui pourrait détourner les Mauritaniens de l’essentiel.

Dans cette bataille internaute, on note que les Mauritaniens n’en ont pas fini avec les militaires au pouvoir, l’alternance par les urnes paraît renvoyée aux calendes grecques. Les généraux à la retraite sont en pole position. Avec, en première ligne, l’actuel ministre de la Défense. L’homme avait été cité comme potentiel successeur de l’ex-Président mais Ghazouani avait été choisi par, certainement, le système des kakis avec une oreille attentive de diverses chancelleries, disait-on à l’époque. Et, depuis la réélection de celui-ci pour un second et dernier mandat, le nom de celui-là revient en force. Il ne manque certes pas d’atouts au sein de la Grande Muette et beaucoup d’acteurs politiques civils passent par son bureau. Il est aussi de l’Est, bastion électoral du pays.

On parle également du général à la retraite Mesgharou Ould Sidi, ancien DGSN et fondateur du corps éponyme de sécurité routière. Il faut reconnaître que le poste de DGSN ouvre des portes, les acteurs politiques passant les siennes pour se faire adouber. Lors de sa retraite, la maison de ce général a refusé du monde et certains de ses proches ont laissé entendre qu’il allait hériter du poste de ministre chargé de la sécurité, en place de l’actuel ministre de l’Intérieur.

Autre candidat potentiel, Mohamed Bemba Meguett, un autre général successivement directeur de la Sûreté et chef d’état-major, avant d’atterrir au perchoir de l’Assemblée nationale en 2023. À la direction de la Sûreté, il ne cessait de recevoir les élus et cadres en quête de promotion. Ces audiences n’ont fait que se renforcer depuis qu’il a troqué vareuse contre costume et cravate. Son nom avait également été cité parmi les potentiels candidats à la présidence de la République de 2019. D’autres généraux à la retraite pourraient également nourrir une ambition présidentielle et, comme c’est encore une affaire de militaires – disons de généraux – tout se décidera entre eux, leur cour étant suffisamment étoffée de civils.

Ould Diay, un cheveu sur la soupe

Mais, à côté de ces retraités étoilés, on cite depuis peu le Premier ministre Moctar ould Diay. L’homme qui s’est imposé comme indispensable au pouvoir de Mohamed Cheikh Ghazouani est en effet suspecté de nourrir des ambitions au plus haut sommet. Légitimes, diront ses proches, car l’homme a montré et montre aujourd’hui ses capacités et son volontarisme. Est-ce parce que ses adversaires voient en lui un adversaire à l’horizon 2029 qu’il peine à faire l’unanimité au sein de son équipe ? Selon des rumeurs de salon, quatre ministres de souveraineté ne lui obéiraient pas. Ce qui paraît tout de même curieux à l’encontre d’un homme choisi par le président de la République et qui semble bénéficier de la confiance du Palais.

Depuis sa nomination, Moctar a en tout cas engagé une sorte d’offensive de charme auprès des Mauritaniens. À maintes reprises, on l’a vu très en verve à l’Assemblée nationale, paraissant maîtriser tous ses dossiers et disposé à mettre en œuvre les engagements du Président. Et depuis le lancement du programme d’urgence pour la modernisation de Nouakchott, il s’est affiché sur le terrain, contrôlant l’état d’avancement des travaux de la voirie de notre capitale et épinglant, d’un ton menaçant, les retards constatés. Sous Ould Abdel Aziz, l’homme s’était lui aussi construit un dense réseau d’amis et de soutiens. Suffira-t-il aux militaires pour le coopter comme candidat, comme ils y avaient consenti avec feu Sidi ould Cheikh Abdallahi ?

Quant à l’opposition, elle semble comprendre le défi à relever face au rouleau compresseur du système en place. Sera-t-elle en mesure d’imposer une alternance ou sombrera-t-elle davantage dans ses querelles d’ego et ses manques de moyens ? Il lui reste un peu moins de cinq ans pour ce faire. Ce n’est pas beaucoup mais ce n’est pas non plus peu…

 

 

 

Dalay Lam

 

 

 

Source : Le Calame (Mauritanie) – Le 12 février 2025

 

 

 

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