Depuis leur retour au pouvoir en Afghanistan, en août 2021, les talibans n’ont cessé, semaine après semaine, de réduire les droits des femmes, érodant progressivement leurs libertés et leur dignité. Le 29 décembre 2024, le ministère de l’économie taliban a annoncé que toutes les organisations non gouvernementales (ONG), nationales et internationales, doivent désormais se conformer à un décret, publié fin 2022, interdisant l’emploi de femmes afghanes. Cette mesure, qui avait été largement ignorée grâce à des exemptions locales et nationales, devient désormais impérative : toute ONG employant des femmes verra sa licence révoquée.
Mardi 31 décembre 2024, l’ONU a exprimé sa « profonde inquiétude » face à ce décret, alors que plus de la moitié de la population afghane dépend de l’aide humanitaire. Volker Türk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a dénoncé une mesure discriminatoire, soulignant son impact catastrophique sur l’accès à une aide vitale. « Aucun pays ne peut progresser – politiquement, économiquement ou socialement – en excluant la moitié de sa population de la vie publique, a-t-il déclaré dans un communiqué. Pour l’avenir de l’Afghanistan, les autorités de facto doivent changer de cap. »
Quelques jours avant ce rappel à l’ordre, les talibans avaient surpris en annonçant un autre décret liberticide : interdire les fenêtres dans les espaces domestiques fréquentés par les femmes, comme les cuisines, pour empêcher qu’elles ne soient visibles de l’extérieur. Publié le 28 décembre 2024, sur X, en arabe, en dari et en pachtou, par le chef taliban Haibatullah Akhundzada, ce texte impose aux propriétaires de bâtiments d’obstruer ces fenêtres en érigeant des murs « de taille humaine », « pour préserver les voisins de toute tentation ». Les municipalités sont chargées de veiller à la bonne mise en œuvre de cette directive.
Ces nouveaux décrets viennent s’ajouter à une longue liste de restrictions imposées aux femmes depuis le retour des talibans au pouvoir. Les Afghanes ne peuvent plus étudier, depuis mars 2022, au-delà de l’enseignement primaire. Début décembre 2024, elles ont été expulsées des écoles de santé, où elles se formaient pour devenir sages-femmes ou infirmières. La plupart des espaces publics, tels que les parcs, les salons de beauté et les salles de sport, leur sont également fermés.
Depuis l’été 2024, un décret interdit même aux femmes de chanter ou de réciter de la poésie en public. Lorsqu’elles parlent, elles doivent « voiler leur voix ». Beaucoup n’ont pas d’autre choix que de rester cloîtrées chez elles, à moins d’être accompagnées par un chaperon masculin.
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