
Au moins 14 morts et près de 250 blessés : le cyclone tropical « exceptionnel » Chido a semé le chaos samedi 14 décembre à Mayotte, département le plus pauvre de France, dans l’océan Indien, selon un bilan encore très provisoire, communiqué dimanche matin à l’Agence France-Presse (AFP) par une source des services de sécurité.
Selon le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila, interrogé par l’AFP, 9 personnes blessées ont été prises en charge au Centre hospitalier de Mayotte (CHM) en urgence absolue, et 246 en urgence relative. « L’hôpital est touché, les écoles sont touchées. Des maisons sont totalement dévastées. Le phénomène n’a rien épargné sur son passage », a-t-il décrit.

Avec des rafales observées à plus de 220 km/h, le cyclone Chido est le plus intense à frapper le territoire ultra-marin depuis plus de 90 ans, selon Météo France. Des vents d’une extrême violence ont ravagé l’archipel avec des cases anéanties, des toits envolés, des poteaux électriques à terre, des arbres déracinés… L’habitat précaire, qui concerne au moins un tiers de la population de l’archipel à 320 000 habitants, est « complètement détruit », selon le ministre de l’intérieur démissionnaire Bruno Retailleau.
Les remontées d’informations sont pour l’heure très parcellaires avec une population confinée chez elle, en état de sidération, privée d’eau et d’électricité, et vivant en partie dans des bidonvilles, a fait valoir à l’AFP une source proche du dossier. Dans un contexte de communications très difficiles, le décompte du bilan humain exact est encore compliquée par la tradition musulmane d’une grande partie de la population mahoraise, qui devrait enterrer ses morts dans la journée conformément aux préceptes de l’islam, a indiqué le ministère de l’intérieur.
M. Retailleau a estimé samedi soir à la sortie d’une réunion interministérielle de crise qu’il « faudra sans doute des jours » pour « affiner » le bilan humain. Mais « nous craignons qu’il soit lourd », a-t-il prévenu, parlant d’une « situation dramatique ».
M. Retailleau a mis en avant la « mobilisation exceptionnelle » des services de l’Etat à Mayotte. Cet habitat concerne au moins un tiers de la population. Le ministre démissionnaire, qui va se rendre à Mayotte où il arrivera lundi, a annoncé l’envoi en « cinq vagues successives jusqu’à mercredi de renforts pour la sécurité civile », soit environ « 800 personnes ainsi que du matériel (…) mais aussi du personnel médical ».
Quinze mille foyers ont été privés d’électricité
Dans ces conditions, le préfet, qui recense officiellement onze morts passés par l’hôpital ou des bâtiments publics, a fait appel à des associations pour compléter les remontées d’informations. Pour coordonner l’action des secours, le préfet de La Réunion, en charge de la zone de défense et de sécurité du sud de l’océan Indien, a tenu dimanche matin une réunion de gestion de crise.
A partir du début de la semaine, 162 militaires de la sécurité civile et sapeurs-pompiers de l’Hexagone vont venir renforcer les 110 pré-positionnés dans l’archipel depuis vendredi. Des rotations aériennes et maritimes sont opérationnelles dès dimanche pour acheminer des personnels médicaux et du matériel. « Le recensement des besoins des services de secours et des populations se poursuit afin d’organiser les rotations, aussi longtemps que nécessaire », indique la préfecture de zone de défense dans un communiqué.
La situation laisse présager de sévères difficultés d’approvisionnement en eau dans un archipel déjà soumis à des coupures. Plus de 15 000 foyers ont été privés d’électricité, d’après la ministre de la transition écologique démissionnaire Agnès Pannier-Runacher. Les appels téléphoniques, y compris d’urgence, ont été drastiquement limités.
« Beaucoup d’entre nous avons tout perdu »
Le Secours populaire a lancé un appel aux dons pour venir en aide à Mayotte, où plus de trois quarts des quelque 320 000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté national. « Beaucoup d’entre nous avons tout perdu », a déploré le préfet du 101e département français, François-Xavier Bieuville, faisant état du « cyclone le plus violent et destructeur que nous ayons connu depuis 1934 ».




Le niveau d’alerte a été abaissé de violet à rouge dans la journée pour laisser sortir les secours, mais le préfet a appelé les habitants de Mayotte à rester « confinés » et « solidaires » dans « cette épreuve ». Les communications avec le territoire restent très difficiles.
L’œil du cyclone tropical intense s’est éloigné vers l’ouest et les conditions météorologiques se sont « améliorées rapidement » en fin d’après-midi sur l’archipel, selon les services météorologiques. Chido devait rester néanmoins un cyclone « extrêmement dangereux » durant de longues heures.
Le pire évité aux Comores
Alors que le cyclone Chido s’éloignait des côtes de Mayotte sur sa trajectoire vers le Mozambique, les dégâts enregistrés aux Comores s’avèrent mineurs, sauf pour l’agriculture. Les Comores, qui avaient déclenché une alerte rouge, sont désormais placées en vigilance post-cyclone.
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