L’UE s’inquiète d’un risque de «confrontation militaire internationale majeure» en Syrie

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dit redouter les conséquences de la situation actuelle en Syrie et évoque d’éventuelles mesures pour protéger les intérêts de l’Europe en matière de sécurité.

L’Union européenne s’inquiète d’un «risque de confrontation militaire internationale majeure» en Syrie et «envisagera toutes les mesures nécessaires pour protéger ses intérêts en matière de sécurité», a annoncé vendredi le chef de sa diplomatie Josep Borrell.

«Il est urgent de mettre un terme à l’escalade actuelle. Il y a un risque de glissement vers une confrontation militaire internationale ouverte majeure», a-t-il déclaré dans un message sur son compte Twitter.

«L’UE appelle toutes les parties à une désescalade rapide et regrette toutes les pertes de vies humaines», a-t-il ajouté.

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«L’UE envisagera toutes les mesures nécessaires pour protéger ses intérêts en matière de sécurité. Nous sommes en contact avec tous les acteurs concernés», a-t-il conclu.

Plus d’entrave aux migrants

 

Un haut responsable turc a déclaré vendredi matin que la Turquie n’empêcherait plus les migrants qui essaient de se rendre en Europe de franchir la frontière, peu après la mort d’au moins 33 militaires turcs dans la région d’Idlib (nord-ouest de la Syrie) dans des frappes aériennes attribuées par Ankara au régime syrien, soutenu militairement par la Russie. La Grèce a décidé de renforcer ses patrouilles à la frontière avec la Turquie après cette annonce.

Des réfugiés syriens à Istanbul attendent un bus qui les emmènera à la frontière européenne (28 févr. 2020). EPA/ERDEM SAHIN

 

 

L’Union européenne a réagi en disant qu’elle attend de la Turquie un «respect de ses engagements» pris dans le cadre du pacte migratoire conclu en 2016, a déclaré vendredi la Commission. «De notre point de vue l’accord […] tient toujours et nous attendons de la Turquie qu’elle respecte ses engagements», a déclaré un porte-parole, Peter Stano.

Erdogan et Poutine inquiets de «l’escalade»

 

Les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan ont parlé vendredi au téléphone et se sont dits «inquiets de l’escalade des tensions» après la mort d’au moins 33 soldats turcs dans le nord-ouest de la Syrie.

Les deux chefs d’Etat «ont poursuivi leurs échanges de vues sur la situation en Syrie», indique le Kremlin dans un communiqué, ajoutant qu’ils sont «sérieusement inquiets de l’escalade des tensions à Idlib».

Selon le communiqué, ils ont aussi évoqué la nécessité «d’améliorer l’efficacité» des canaux de communication entre les armées des deux pays, ainsi que de «prendre des mesures supplémentaires» pour normaliser la situation. «Il est convenu d’intensifier les consultations interministérielles pertinentes et d’étudier la possibilité de tenir prochainement un sommet», ajoute le communiqué.

Condoléances russes

 

Un peu plus tôt, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait présenté ses condoléances à la Turquie, assurant vouloir éviter que de «telles tragédies» se reproduisent et que Moscou «fait tout pour assurer la sécurité des soldats turcs» déployés en Syrie.

«Nous présentons nos condoléances et nous faisons tout pour que la sécurité des soldats turcs qui garantissent le régime de désescalade dans la zone d’Idlib soit assurée», a déclaré M. Lavrov lors d’une conférence de presse à Moscou.

Il a toutefois prévenu qu’«en réponse aux violations constantes du régime de cessez-le-feu dans la zone, l’armée syrienne a parfaitement le droit de répliquer». «Nous ne pouvons pas leur interdire», a-t-il ajouté.

Condamnation de l’OTAN

 

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a condamné les frappes «indiscriminées» de la Syrie et de la Russie et exprimé le soutien de son organisation envers la Turquie, qui est l’un de ses membres. Il a également appelé à une désescalade et à la mise en place d’un couloir humanitaire.

Lourd bilan turc

 

Les lourdes pertes essuyées par Ankara jeudi interviennent après des semaines de tensions croissantes à Idlib entre les forces turques et celles du régime, qui se sont affrontées à plusieurs reprises depuis le début du mois.

Après la mort d’au moins 33 soldats turcs, la Russie, alliée du régime syrien, a accusé vendredi les troupes d’Ankara d’avoir été parmi des «unités combattantes de groupes terroristes».

Les bombardements meurtriers de jeudi portent à au moins 53 le nombre de militaires turcs tués à Idlib en février.

AFP/LT

Source : Le Temps (Suisse)

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