Le président mauritanien vient de participer à Dakar à la commémoration des massacres des tirailleurs sénégalais. Un déplacement de Ould Ghazouani en tant que président de l’UA. Pour les observateurs, il est avant tout le président de tous les Mauritaniens.
Les massacres de tirailleurs sénégalais à Thiaroye après la deuxième guerre mondiale 1944 sont perpétrés par l’ancienne puissance coloniale française. La présence de Ould Ghazouani à Dakar est un acte qui revêt une importance dans la mémoire de l’Afrique.Pour autant cette histoire ne l’excuse pas d’affronter son propre passé. Un passé lourd qui n’échappe pas aux observateurs qui pointe des années de braise de 1986 avec les tortures et la mort à la prison de Oualata de quatre dirigeants du premier mouvement de libération africaine de Mauritanie sous le régime du génocidaire Ould Taya.
Trois ans plus tard, plus de 60 000 négro-africains sont déportés au Sénégal et au Mali en 1989. De centaines de civils sont enterrés dans des fosses communes dans les villages du Sud. Et en 1990, dans la nuit du 27 au 28 novembre,28 soldats négro-africains sont assassinés à la base militaire d’Inal, au Nord du pays. Après 34 ans des faits, les locataires du palais de Nouakchott de Ould Taya à Ould Ghazouani, ont réduit au silence toutes ces exactions contre la communauté négro-africaine. Commémorer les massacres d’Inal c’est ne pas oublier leur mémoire. Et quand une partie des Mauritaniens manifestent contre le 28 novembre dans la vallée et à Nouakchott et qu’ils soient arrêtés et emprisonnés, le régime de Ould Ghazouani verse dans l’oubli.
Les massacres de Thiaroye relèvent de l’histoire coloniale et les massacres d’Inal de l’histoire nationale. Ould Ghazouani comme ses prédécesseurs suivent la même trace de fuite en avant sur leur propre passé.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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