Les aliments aphrodisiaques ont-ils vraiment un effet sur l’appétit sexuel ?

Le gingembre, le chocolat, les huîtres ou encore les truffes sont censés attiser le désir sexuel… Mais si effet il y a, il repose avant tout sur nos croyances.

Slate  – Il n’y a pas si longtemps, alors que je passais à la caisse d’un supermarché, j’ai entendu une voix masculine derrière moi. «Ah, il y en a qui ne vont pas s’ennuyer ce soir!» Je n’ai pas tout de suite compris et ai regardé, avec surprise, celui qui venait de prononcer ces mots. Il a visé le contenu de mon panier: plaquette de chocolat extra noir et gros rhizome de gingembre. Deux aliments traditionnellement supposés aphrodisiaques… Au-delà de l’approche de boomer torve et libidineux dont je me serais bien passée, alors que j’avais prévu une soirée tisane et comfort food, cela dit beaucoup de la manière dont certains aliments ont acquis un statut un peu particulier.

La tradition populaire voudrait qu’ils stimulent le désir sexuel ou, comme on disait jadis, qu’ils «excitent aux plaisirs de l’amour». En gros, tu sers ça à ta target dans l’espoir qu’elle te dévore… et pas que des yeux. Ou alors, tu avales ça pour te motiver un peu. Dans l’hypothèse où le chocolat, le gingembre mais aussi, en vrac, les huîtres, les asperges, le céleri, les truffes, le safran ou le ginseng auraient un quelconque effet sur le désir et l’excitation sexuelle, avouez que ça pose directement de sérieux problèmes en matière d'(auto-)consentement.

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Pas de GHB de la bouffe

 

Fort heureusement, aucune étude scientifique solide n’a pu mettre en lumière l’existence d’un quelconque GHB de la bouffe. Tout ce que l’on trouve, c’est que certains de ces aliments contiennent des nutriments qui peuvent contribuer au bien-être sexuel. Par exemple, les huîtres renferment du zinc qui participe notamment à la production de la testostérone, impliquée dans le désir sexuel. Le gingembre est supposé être un stimulant, mais il permet surtout de lutter contre les nausées. Quant au chocolat, il contient notamment de la théobromine qui est un vasodilatateur (un peu comme le Viagra) et un stimulant.

Mais rien n’a jamais démontré que la consommation ponctuelle de tel ou tel aliment avait, dans les minutes ou les heures qui suivent, un quelconque effet sur le désir ni sur les performances sexuelles. Parfois, il se pourrait même que l’effet inverse de celui escompté se produise. Un article de la BBC rapporte ainsi que des chercheurs ont interrogé 700 personnes sur leur intérêt pour le sexe et leur consommation de chocolat. Ils ont constaté que les femmes qui en mangeaient plus souvent déclaraient également avoir moins d’intérêt pour le sexe. Leur conclusion? La consommation de chocolat pourrait servir de substitut au sexe…

Des effets qui reposent sur des croyances

 

Pourtant, malgré une absence de preuves, nous nous racontons depuis des milliers d’années la fable d’aliments censés booster la libido. On peut l’expliquer de plusieurs manières.

D’abord, par la théorie des signatures des plantes. Des fruits (banane, avocat, figue) et légumes (céleri branche, asperge), ou encore des animaux ou des parties de leurs corps (corne de narval ou de rhinocéros, huîtres), dont la forme évoque des organes sexuels, sont traditionnellement réputés comme aphrodisiaques. Absurde? Pas forcément: n’utilisons-nous pas aussi des emojis de fruits et de légumes aux formes évocatrices pour «sexter»?

Ensuite, il y a la sensualité en bouche apportée par certains aliments sucrés, juteux, onctueux, piquants ou épicés qui évoquent les plaisirs de la chair. Si le chocolat coche pas mal de cases, le piment est lui aussi réputé efficace pour stimuler le désir, tout comme le miel, pour lequel on peut y voir un mix de ces deux premières explications.

 

 

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Laure Dasinieres – Édité par Émile Vaizand

 

 

 

 

Source : Slate (France) – Le 13 septembre 2024

 

 

 

 

 

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