Jeune Afrique – En politique comme en toute chose, c’est la vérité qui compte. Il ne suffit pas de manifester, de crier mille slogans, de simuler toutes les indignations du monde, de prendre à témoin l’univers entier. Non, il faut revenir à la réalité des choses, aux faits que nul ne saurait défaire. En Mauritanie, nous avons vu des adolescents brûler des voitures, saccager des commerces, molester des passants. De petits groupes épars qui, dans un mouvement coordonné, ont voulu créer l’événement, offrir à des acteurs politiques, majeurs ceux là, l’occasion de se présenter comme des victimes d’un système électoral inique.
« J’aurais bien voulu pouvoir rejeter ces résultats… »
Et ces derniers de crier à la fraude, sans avancer aucune preuve, sans se parer du moindre effort d’objectivité, sans nullement présenter ni des chiffres ni des faits, sans montrer du doigt aucun bureau électoral précis, sans offrir nulle explication. Ils ont protesté, c’est tout. Et des victimes sont tombées, fruit de leur inconséquence.
En réalité, toute cette agitation n’émane que d’un seul candidat à la présidentielle : Biram Dah Abeid. Tous les autres, y compris les islamistes, ennemis irréductibles du pouvoir, ont reconnu la victoire du candidat Mohamed Ould Ghazouani. Signe qui ne trompe pas, à un de ses partisans qui ne se satisfaisait pas de cette reconnaissance, un des candidats de l’opposition a simplement répondu : « J’aurais bien voulu pouvoir rejeter ces résultats, mais franchement, ni moi ni aucun de mes représentants, dans tous les bureaux, n’ont eu à déceler aucune fraude. Que voulez vous donc que je fasse ? »
La Commission électorale nationale indépendante, créée sur la base d’un consensus politique, dispose de tous les PV de tous les bureaux électoraux, avec des résultats clairs, signés par tous les représentants de l’opposition. En réalité, les observateurs nationaux et internationaux, qui ont sillonné librement tout le pays, qui ont visité, sans prévenir, des centaines de bureaux, n’ont signalé aucun manquement au bon déroulement de cette consultation. En réalité, et jusqu’au terme du délai légal, aucune plainte n’a été déposée devant le Conseil constitutionnel. En réalité, le candidat Biram, qui, le seul, a élevé la voix, n’a pu produire aucune preuve de fraude électorale. Il s’est contenté d’affirmer qu’il aurait dû, en toute logique, disputer un second tour. Nous ne discuterons pas du bien-fondé de cette étonnante logique.
Le peuple a choisi
Alors, comment expliquer ces manifestations de jeunes, visiblement manipulés ? Comment expliquer ces violences vulgaires, dangereuses, criminelles ? Comment expliquer cette campagne de presse, menée surtout à l’étranger, qui mêle le faux, les mensonges, les amalgames, l’ignorance plate de la vie politique et de la culture du pays ?
Il y a d’abord, et ce n’est pas nouveau, des associations, des hommes politiques, des « leaders d’opinion » – comme on les appelle dans les réseaux sociaux où ils habitent – qui ne vivent que de l’indignation facile de certaines organisations internationales, lesquelles, elles-mêmes, ont besoin de « causes » pour bénéficier de soutiens financiers et de subventions. C’est une race qui a perdu des ailes mais dont les derniers spécimens s’accrochent avec fureur à leurs ultimes privilèges. Il y a ensuite que le régionalisme, l’ethnisme, le communautarisme restent prégnants en Afrique, chez certains esprits faibles, et qu’il est toujours aisé de les agiter. Il y a aussi que l’ambition aveugle bien souvent et fait oublier l’essentiel : l’avenir de tout un pays.
Mais tout cela, en fin de compte, n’est que cri d’orfraie malhabile. Le peuple a parlé, en ce 29 juin, et il a choisi Mohamed Ould Ghazouani pour un second mandat, à une majorité qui ne correspond nullement aux chiffres staliniens de naguère : 56 %, un score trop faible pour les faibles d’esprit, un score jamais enregistré en Mauritanie par un candidat sortant à la présidentielle. Car, pour la première fois dans notre histoire, nous avons vécu des élections ouvertes, saines, avec les mêmes garanties pour tous les prétendants, des élections, enfin, véritablement démocratiques.
Mbarek Ould Beyrouk
Écrivain mauritanien
Source : Jeune Afrique – (Le 10 juillet 2024)
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