Mauritanie – Les électeurs du Guidimakha : la raison doit prévaloir sur l’émotion

 Onde Info Les différents candidats à la présidentielle de juin se lancent dans la conquête de l’électorat du Guidimakha.

Le Guidimakha est une région oubliée, délaissée et gravement éprouvée par l’enclavement surtout en période hivernale. La région fait partie des plus déshéritées du pays et souffre d’un désintérêt criant des autorités, avec la complicité de ses propres cadres plus attachés à la promotion de leur « politique », au détriment du développement véritable de la wilaya.

Pour l’instant, les populations du Guidimakha ont vu défiler trois des 7 candidats en lice en l’occurrence Ba Mamadou Bocar de l’Alliance pour la justice et la démocratie/ Mouvement pour la rénovation (AJD/MR) – il est certes inconnu mais représente une formation politique qui a une histoire politique incontestable-,Biram Dah Abeid et Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le président sortant.

Les deux derniers ( Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et Biram Dah Abeid ) sont les plus connus des compétiteurs. Le premier vient défendre un bilan qui ne semble convaincre personne. Un quinquennat vide et sans réalisations majeures, un peu comme tous ses prédécesseurs depuis l’indépendance qui ont toujours volontairement omis le Guidimakha du tableau de bord du développement du pays.

Quant au second, sans jamais être porté au pouvoir, il symbolise le changement et la rupture.
En effet, Biram depuis 2019, s’impose comme le candidat de l’anti système et le plus coriace qui fait visiblement peur au pouvoir, pour son programme qui ose aborder sans ambage les problématiques fondamentales : le racisme, le tribalisme, la démocratie militaire, l’unité nationale, l’esclavage, la féodalité, une justice à géométrie variable, le partage du pouvoir et des richesses, le passif humanitaire etc.

Son discours reste très audible partout dans le pays, et particulièrement au Guidimakha où sa position tranchée sur l’esclavage par ascendance lui confère respectabilité et crédibilité; et cela au grand dam de la minorité
suprémaciste, encore attachée au statu quo social.

Le candidat Ould Ghazouani a tenu son meeting à Selibaby mais comme à l’accoutumée, les véritables sujets et préoccupations majeurs des populations ont été évités : les abus de l’administration locale, la résolution de conflit inter-Soninke, l’émigration clandestine et son cortège de disparus etc.

Pas un mot, à l’endroit des familles éplorées, ne serait-ce que pour les consoler; ces parents rongés et qui attendent désespérément, les nouvelles de leurs fils disparus aux larges de l’Atlantique. L’implication de l’Etat aurait pu permettre d’en savoir un peu plus sur les circonstances de ces disparitions afin que ces familles puissent faire le deuil, une fois pour toute.

Aucun mot également, sur les mesures à prendre à l’avenir pour éviter à la jeunesse mauritanienne, et particulièrement celle du Guidimakha ce genre d’aventure meurtrière.

C’est donc un Guidimakha endeuillé avec les larmes aux yeux qui a accueilli, le président sortant, le candidat Ould Ghazouani qui vient solliciter de nouveau la confiance des électeurs dans cette contrée du pays où l’Etat brille par son absence.

Au contraire, ce sont les populations laborieuses, conscientes de leur statut de laissé- pour- compte qui se sont organisées pour vaincre la pauvreté, soutenues courageusement par la diaspora qui envoie chaque année des centaines de millions d’ouguiyas.

Ironie du sort, ces pauvres populations subissent quotidiennement le rançonnement et les tracasseries de tous ordres de l’administration locale, qui constitue un véritable obstacle au développement et à la stabilité de la région.

Seyré SIDIBE

Source : Onde Info (Mauritanie) – Le 22 juin 2024

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