Résultats des européennes 2024 : un nouveau Parlement de Strasbourg plus conservateur et sous la pression de l’extrême droite

Les droites nationalistes et souverainistes devraient occuper plus du quart de l’hémicycle, les conservateurs progressent et les libéraux subissent de lourdes pertes. A gauche, si les sociaux-démocrates résistent, les Verts s’effondrent.

Le Monde – Ursula von der Leyen n’a pas caché sa satisfaction, dimanche 9 juin, à l’annonce des résultats des élections européennes à travers le continent. « Le PPE est le groupe politique le plus puissant », a lancé la présidente de la Commission, qui a fait campagne pour le Parti populaire européen (PPE), dont elle est issue et qui joue dans cette affaire sa reconduction. « Nous construirons un rempart contre les extrêmes de gauche et de droite, nous les arrêterons », a-t-elle poursuivi, sans en dire plus sur la manière dont elle compte s’y prendre.

Les résultats, même incomplets, sont sans ambiguïté. Les conservateurs du PPE progressent et confirment leur place de première formation politique au Parlement strasbourgeois, tandis que les extrêmes droites opèrent une percée. Les sociaux-démocrates (S&D), le deuxième groupe dans l’hémicycle communautaire, perdent du terrain, mais ce sont surtout les libéraux de Renew et les Verts qui reculent.

La droite chrétienne-démocrate du PPE sort de fait renforcée de ce scrutin, qui a vu la participation des citoyens légèrement augmenter, à 51 %, contre un peu plus de 50 % en 2019. « Nous avons gagné », s’est réjoui Manfred Weber, le président du PPE, dimanche soir. « Après avoir perdu des sièges en 2009, 2014 et 2019, le PPE a regagné des élus en 2024 », a ajouté le Bavarois.

Dimanche soir, le groupe était déjà certain d’avoir 184 représentants sur les 720 eurodéputés tout juste élus et il espérait augmenter ses effectifs en accueillant en son sein de nouveaux partis, comme les Hongrois de Tisza (« respect et liberté ») – la formation de Péter Magyar, qui a mis en difficulté le premier ministre, Viktor Orban –, mais également le Mouvement agriculteur-citoyen néerlandais (BBB) ou encore l’Alliance libérale danoise.

A la soirée électorale du parti hongrois Tisza, après les résultats des élections européennes, à Budapest, le 9 juin 2024.

Les formations d’extrême droite, quant à elles, ont largement amélioré leur score et elles sont, après le PPE, les grandes gagnantes de ce scrutin. En France, le RN est arrivé en tête ; porté par un score historique, il enverra pour la première fois une délégation d’une trentaine d’eurodéputés à Strasbourg. En Italie, Fratelli d’Italia – le parti postfasciste de la présidente du conseil, Giorgia Meloni – devrait aussi obtenir un important contingent de 24 élus quand la Ligue du Nord de Matteo Salvini pourrait encore en compter sept. En Autriche, le Parti de la liberté (FPÖ) a devancé la droite conservatrice du Parti populaire (ÖVP) et les sociaux-démocrates (SPÖ).

Une possible recomposition de l’extrême droite au Parlement

L’extrême droite est, par ailleurs, arrivée en deuxième position dans plusieurs autres Etats membres. C’est le cas outre-Rhin, où l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) a devancé le Parti social-démocrate (SPD) actuellement au pouvoir ; en Pologne aussi, avec la formation Droit et justice (PiS). Aux Pays-Bas, le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders, avec six élus, arrive derrière la coalition des socialistes et des Verts. Enfin, plusieurs pays enverront pour la première fois des élus nationalistes à Strasbourg, à l’image du Portugal.

A la soirée électorale du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), après les résultats des élections européennes, à Berlin, le 9 juin 2024.

Ces succès électoraux devraient permettre aux droites nationalistes et souverainistes d’occuper plus du quart de l’hémicycle. Mais leur influence réelle sur la vie politique européenne, au-delà de la manière dont leurs thématiques infusent les débats, dépendra de leur capacité à s’allier. Jusqu’ici, elles n’ont jamais réussi à coopérer en raison de divergences idéologiques lourdes, par exemple sur la Russie.

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 (Bruxelles, bureau européen) et  (Bruxelles, bureau européen)

Source : Le Monde

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