« Dans l’Afrique précoloniale, il y avait de l’opposition »

Interview avec le sociologue malien Mohamed Amara qui revient sur la nécessité d'une opposition sociale et politique. La junte au pouvoir au Mali vient de suspendre les activités des organisations et partis d'opposition.

VOA Afrique – Au Mali, plusieurs associations de la société civile ont déjà été dissoutes par les militaires au pouvoir. Des personnalités jugées trop critiques ont également eu des démêlés avec la justice depuis les coups d’Etat de 2020 et 2021.

Mais le chef de la transition, Assimi Goïta, a franchi un nouveau cap : il a suspendu les activités à caractère politique des associations et des partis d’opposition. L’argument avancé par le pouvoir en place est que ces structures nuiraient au « dialogue national » engagé par la junte depuis fin décembre 2023, en lançant des actions de « subversion ».

Les militaires n’ont, semble-t-il, pas apprécié que plusieurs partis et associations leur reprochent de ne pas avoir tenu leurs engagements et de ne pas avoir respecté la date du 26 mars, délai fixé pour la restitution du pouvoir aux civils.

Répression des voix critiques envers les militaires

Plusieurs partis et organisations de la société civile malienne ont regretté, fin mars, le « vide juridique et institutionnel » laissé par les militaires qui ont repoussé l’élection présidentielle. La junte s’était engagée à respecter le délai du 26 mars dans un décret présidentiel, signé de la main d’Assimi Goïta en 2022, qui fixait cette date comme le jour de fin de la transition militaire qui annoncerait le retour du pouvoir aux civils.
Sauf que depuis cette date, « la transition continue », comme l’a déclaré mercredi [10.04.24] le porte-parole du gouvernement, le colonel Maïga.

Ce n’est pas la première fois que les militaires au pouvoir à Bamako s’en prennent aux voix critiques.

Rien que ces derniers mois, quatre associations de la société civile, parmi lesquelles l’Association des Élèves et Étudiants du Mali (AEEM) ont été dissoutes sous couvert de « troubles à l’ordre public ». Leur point commun est d’avoir appelé à la tenue prochaine d’élections libres.

En février 2023, des casseurs étaient venus empêcher une réunion de l’ « Appel du 20 février pour sauver le Mali » à la Maison de la presse de Bamako. Ce regroupement critiquait la tenue du référendum constitutionnel prévu par la junte.

Début mars 2024, Aguibou Bouaré, le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), faisait part de ses préoccupations « face aux menaces sérieuses pesant sur l’exercice de certains droits civiques et politiques, notamment la liberté d’association ».

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Sandrine Blanchard

 

Source : VOA Afrique (Etats-Unis)

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