L’Afrique à l’épreuve d’intenses vagues de chaleur

Au Maroc, en Afrique du Sud ou au Soudan du Sud, les thermomètres s’affolent, dépassant les 40 °C. Des records qui se sont multipliés au cours des dernières semaines.

Le Monde – Au Maroc, l’hiver qui s’achève n’est plus simplement doux. Il est devenu caniculaire avec plus de 40 °C enregistrés dans la plaine agricole du Souss, à l’est d’Agadir. A 8 000 kilomètres de là, des températures identiques et tout aussi anormalement élevées affolent les météorologues d’Afrique du Sud où l’été austral tire à sa fin. A l’intérieur du pays pourtant, le mercure ne retombe pas. Mardi, le thermomètre affichait 45 °C à Vioolsdrif dans la région du Namaqualand.

Ces records ne sont pas isolés sur le continent et se sont multipliés quasiment partout au cours des dernières semaines. Au Nigeria, l’agence météorologique nationale a même recommandé – sans être entendue – le déclenchement de l’état d’urgence pour permettre aux travailleurs de ne pas aller travailler pendant les heures les plus chaudes de la journée.

En République démocratique du Congo, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a adressé un message de mise en garde aux douze millions d’habitants de Kinshasa contre les risques de déshydratation provoqués par des températures suffocantes. Depuis lundi, toutes les écoles sont fermées au Soudan du Sud afin de protéger les enfants d’une vague de chaleur attendue au cours des deux prochaines semaines. Des pics à 45 °C sont prévus. La ministre de la santé, Yolanda Awel Jeah, a justifié cette décision radicale par un risque de surmortalité.

« Les vagues de chaleur sont des tueurs silencieux »

« L’Afrique s’inscrit dans une séquence mondiale qui, après une année 2023 record, a vu un début d’année le plus chaud jamais enregistré. Comme l’Amérique du Sud, plusieurs régions d’Europe ou d’Asie du Sud-Est, elle est confrontée à des températures très anormales pour la saison. Une part croissante de la population est exposée à des températures extrêmes sans que nous sachions en mesurer les conséquences, faute de données statistiques. Mais les indices de chaleur très élevés dont nous disposons permettent d’affirmer que les impacts sont importants. Les vagues de chaleur sont des tueurs silencieux », observe Alvaro Silva, expert à l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM), dont le rapport annuel a été publié mardi 19 mars.

L’indice de chaleur combine la température de l’air et l’humidité afin de déterminer une chaleur ressentie. Plus celle-ci est élevée, plus l’organisme peine à réguler sa température par la transpiration.

« L’écart aux moyennes saisonnières atteint entre 6 °C et 10 °C et les températures nocturnes plafonnent à des niveaux rarement atteints à cette période de l’année. Elles ont dépassé 32 °C au Mali et au Niger. Tous les indicateurs montrent que cette tendance va se prolonger au cours des trois prochains mois », poursuit M. Silva.

Ces poussées de fièvre n’ont pas une cause unique. Dans les régions australes, l’incidence du phénomène saisonnier El Niño est mise en avant, tandis que l’influence conjuguée de l’anticyclone des Açores et de masses d’air chaudes sahariennes prévaut sur les pays du Maghreb. Partout cependant, les scientifiques évoquent les effets du dérèglement climatique pour expliquer l’intensité des phénomènes observés.

La population urbaine est la plus vulnérable

« Deux conditions sont nécessaires pour battre des records : une tendance de long terme qui est la hausse des températures moyennes liée à l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et un événement plus conjoncturel lié à la variabilité naturelle du climat. Celles-ci sont aujourd’hui réunies », constate Samuel Somot, chercheur à Météo-France pour lequel ces records sont « le signe le plus probant du réchauffement climatique ».

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Source : Le Monde

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