En Afrique, l’essor de l’édition passe par le numérique

Face aux difficultés de distribution et de diffusion des livres papier, essentiellement importés, les livres numériques et audio se développent et s’imposent.

Le Monde  – L’industrie africaine du livre devrait se développer non pas grâce aux livres papier mais en suivant directement l’essor de la lecture numérique. C’est ce qui ressort du Livre blanc sur l’état des lieux et les perspectives de l’édition en Afrique, commandé par la plus grande bibliothèque numérique francophone, YouScribe, et dévoilé, jeudi 14 mars, à l’occasion du Salon du livre africain de Paris.

Tout d’abord, « la rentabilité financière et la visibilité médiatique de l’activité éditoriale sont très loin de refléter la richesse et la créativité des écrivains africains », et la plupart des auteurs, éditeurs et libraires peinent à vivre de leur activité. Le nombre de livres publiés chaque année reste très faible (200 en moyenne en Côte d’Ivoire, de 200 à 300 au Cameroun). En Afrique du Nord, le secteur est mieux structuré, tout comme à Madagascar ou à l’île Maurice.

Systématiquement, l’édition locale doit s’affirmer face au livre importé, et la question de la diffusion tout comme celle de la distribution des ouvrages sont des problématiques non résolues. Les délais de livraison s’avèrent effrayants puisque l’acheminement d’un livre peut prendre jusqu’à trois mois par la poste. Autre handicap, la trop faible présence des librairies, en particulier hors des grandes villes. Enfin et surtout, le livre demeure la plupart du temps un produit de luxe en Afrique, ce qui est très préoccupant pour un accès généralisé aux manuels scolaires.

L’atout du mobile

Dans ce contexte, l’édition numérique gagne rapidement du terrain sur le continent. YouScribe – qui a séduit plus d’un million d’abonnés payants avec un catalogue d’un million d’ouvrages – rappelle ainsi que 93 % des lecteurs locaux ont accès aux livres sur leur téléphone portable. L’atout du mobile vient de son taux de pénétration (97 % en Afrique alors qu’Internet n’atteint que 43 %). Le portable permet aussi d’effectuer des micropaiements pour les abonnements.

A côté des bibliothèques numériques payantes, les maisons de livres audio se développent à vitesse grand V, en raison aussi de « l’importance de l’oralité dans la culture africaine », selon ce Livre blanc. « Les livres numériques offrent la possibilité d’atteindre un public plus vaste et de rééquilibrer les finances des maisons d’édition », souligne ce document. De nombreux acteurs s’y lancent comme AfroRead, une application mobile de lecture en Ethiopie, Akoobooks au Ghana ou la maison panafricaine Nouvelles éditions numériques africaines (NENA).

Avec une spécificité tout à fait remarquable puisque la lecture numérique séduit un lectorat jeune. Chez YouScribe, près de 30 % des abonnés ont moins de 25 ans. Et dans cette entreprise présidée par Juan Pirlot de Corbion, les abonnés plébiscitent trois grandes catégories avant toutes les autres : la littérature, surtout africaine (à 32 %), les lectures relatives au développement des savoirs (31 %) et le développement personnel (7,5 %).

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Source : Le Monde 

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