Le principal opposant à la junte tchadienne tué dans un assaut de l’armée contre son parti

AFP L’opposant à la junte Yaya Dillo Djérou est mort au Tchad dans l’assaut du siège de son parti, à deux mois d’une présidentielle pour laquelle il apparaissait comme le principal rival du président de transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno, son propre cousin.

 

Le calme était revenu jeudi au lendemain de sa mort, après une journée d’extrême tension au cœur de la capitale N’Djamena où d’imposants effectifs de l’armée quadrillaient le centre-ville et encerclaient le siège du Parti socialiste sans frontières (PSF) de M. Dillo.

C’est dans l’après-midi, après avoir fait couper l’internet dans toute la ville face à l’afflux d’appels à venir « défendre » l’opposant, que les militaires ont attaqué le siège, au fusil d’assaut voire à l’arme lourde à en juger par les stigmates de l’affrontement sur la façade de l’immeuble et les tirs sporadiques entendus par les correspondants de l’AFP.

Retranché

 

Yaya Dillo est mort « là ou il s’était retranché, au siège de son parti. Il n’a pas voulu se rendre et a tiré sur les forces de l’ordre », a affirmé jeudi à l’AFP le ministre de la Communication Abderaman Koulamallah.

Les forces de l’ordre étaient venues arrêter un militant du PSF que le gouvernement venait d’accuser d’une « tentative d’assassinat » du président de la Cour suprême dix jours plus tôt. Le gouvernement a par la suite accusé Yaya Dillo d’avoir mené une attaque dans la nuit de mercredi à jeudi contre le siège des tout-puissants services de renseignement, l’ANSE, en représailles à cette arrestation. Cette attaque, menée par M. Dillo selon le pouvoir, s’était soldée par « plusieurs morts », selon le gouvernement qui ne précisait pas dans quel camp.

Quelques heures avant sa mort, M. Dillo avait farouchement nié ces accusations auprès de l’AFP et dénoncé « un mensonge » et une « mise en scène » destinée à écarter sa candidature à la présidentielle prévue le 6 mai prochain. La date avait été annoncée mardi. M. Dillo, 49 ans, dénonçait régulièrement un scrutin truqué d’avance et taillé sur mesure pour M. Déby dans un délai aussi court. Il exigeait une refonte de ce calendrier tout en affirmant qu’il sera candidat contre le jeune général.

Mahamat Déby, alors âgé 37 ans, avait été proclamé par l’armée chef de l’Etat le 20 avril 2021 à l’annonce de la mort de son père, le maréchal Idriss Déby Itno, tué en se rendant au front contre des rebelles. Le patriarche dirigeait alors d’une main de fer ce vaste pays sahélien depuis plus de 30 ans.

A peine proclamé président à la tête d’une junte de 15 généraux, Mahamat Déby promettait de rendre le pouvoir aux civils par des élections après une transition de 18 mois. Mais 18 mois plus tard, il la prolongeait de deux ans, et ne cachait plus ses intentions de se présenter à la future présidentielle. L’opposition dénonçait une « succession dynastique » des Déby.

« Mise en scène »

 

Dans un message audio transmis à l’AFP quelques heures avant sa mort, M. Dillo affirmait que « la junte » et le président de la Cour suprême avaient « mis en scène » « le saccage » du bureau du haut magistrat, dans lequel il n’avait même pas été blessé, afin de justifier une invalidation de sa candidature à la présidentielle.

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AFP

 

 

Source : VOA Afrique (Etats-Unis)

 

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