CAN 2024 : A Abidjan, « l’attente de tout un peuple » avant le début de la compétition

La Côte d’Ivoire, pays où le football est une religion, espère bien gagner le tournoi qui débute samedi et tirer les dividendes des investissements effectués pour l’occasion.

Le Monde – Il a fallu quarante ans pour que la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) revienne en Côte d’Ivoire. Autant dire que dans ce pays où le football est une religion, l’attente a semblé interminable. A quelques heures du match d’ouverture entre la Côte d’Ivoire et la Guinée Bissau, samedi 13 janvier, au grand marché de Treichville, une commune d’Abidjan, la fête bat déjà son plein. Dans ce dédale formé par les boutiques, les vendeuses dansent au milieu des étals de bananes, piments ou poissons et s’interpellent à grands coups de sifflets et de vuvuzelas.

« Nous sommes tellement impatientes de voir le premier match qu’on a déjà commencé à chanter et à danser, se félicite Karidiatou Konaté avant de souffler dans sa vuvuzela. J’attends cela depuis si longtemps. » « En 1984, j’avais regardé la cérémonie d’ouverture à la télévision avec mes parents, se souvient pour sa part Maurice Kouassi, venu acheter un maillot des Eléphants, l’équipe nationale. Des dizaines de pigeons s’étaient envolées de la bouche d’un immense éléphant en carton… J’avais 10 ans et je n’en croyais pas mes yeux ! »

Pour organiser cette « CAN de l’hospitalité » jusqu’au 11 février, les Ivoiriens ont déployé d’importants moyens. Sur un coût total de 1,5 milliard de dollars, environ la moitié a été investié dans les infrastructures. Quatre stades ont été construits à Ebimpé (dans la banlieue nord d’Abidjan) où se déroulera le match d’ouverture, San Pedro (sud-ouest), Yamoussoukro (centre) et Korhogo (nord). Deux autres ont été profondément rénovés à Abidjan, la capitale économique, et Bouaké (centre). Vingt-quatre terrains d’entraînement ont également été aménagés.

Afin de faciliter les déplacements des supporteurs et des 24 équipes, plusieurs axes routiers ont été modernisés ou prolongés. La route « côtière », qui relie la capitale économique à San Pedro sur 350 kilomètres a été entièrement refaite, divisant par deux le temps de trajet entre les deux villes. Une autoroute a également été rallongée pour relier Abidjan à Bouaké, la deuxième ville du pays. Le but est de réduire les embouteillages qui empoisonnent la vie des Ivoiriens : un million et demi de visiteurs sont attendus pendant la compétition.

« La plus belle CAN de l’histoire »

Pour l’occasion, Abidjan s’est paré de milliers de drapeaux ivoiriens et de la Confédération africaine de football (CAF). Depuis vendredi matin, la couleur orange de l’équipe nationale est partout et on se répond d’une rue à l’autre à grands coups de klaxons. La métropole ivoirienne sera la ville qui accueillera le plus grand nombre de matchs, huit sélections nationales y jouant.

« Cette coupe nous a déjà apporté beaucoup de bonnes choses, assure Elisabeth Assi, vendeuse de bananes au marché de Treichville. La ville est plus propre et nous avons de nouveaux ponts, des espaces mieux éclairés… » Le stade olympique Alassane-Ouattara, construit entre les cités-dortoirs d’Abobo, de Yopougon et d’Anyama, va notamment accueillir la première rencontre, la finale et tous les matches de l’équipe nationale.

Pour ce premier match, où les 60 000 places seront assurément remplies, tous les regards seront aussi tournés vers la pelouse du stade d’Ebimpé. Le 12 septembre à cause d’un violent orage, la rencontre amicale entre la Côte d’Ivoire et le Mali avait dû être interrompue, le terrain étant gorgé d’eau… L’incident avait provoqué le limogeage du Premier ministre, Patrick Achi, et celui du ministre des sports, Claude Paulin Danho. Un nouveau chef du gouvernement, également titulaire du portefeuille des Sports, Robert Beugré Mambé, a été depuis missionné pour organiser « la plus belle CAN de l’histoire », selon Alassane Ouattara, le chef de l’Etat. Le pari sera-t-il réussi ? « Toutes les infrastructures sportives sont prêtes », s’est félicité François Amichia, le président du Comité d’organisation de la CAN (Cocan).

« Que la fête commence ! » titrait le quotidien Fraternité Matin dans son édition du samedi 13 janvier. « Eléphants, à vous de jouer », écrivait Le Patriote. Aux côtés du Maroc demi-finaliste de la Coupe du monde au Qatar, et du Sénégal, tenant du titre, le pays hôte fait figure de favori.

La Côte d’Ivoire, vainqueur en 1992 et 2015, se trouve dans un groupe à sa portée avec le Nigeria dont la défense apparaît friable, la surprenante Guinée équatoriale et la plus modeste Guinée Bissau. « Les conditions sont réunies pour que nous soyons au mieux, a assuré Jean-Louis Gasset, 70 ans, le sélectionneur français des Ivoiriens, vendredi 12 janvier. J’ai vécu pas mal de choses dans ma vie mais ce challenge est le plus important. Je découvre une nouveauté, une pression supérieure et j’ai envie de réaliser le rêve de tout un peuple… Je suis entouré de personnalités qui ont l’expérience de l’Afrique, des gens qui ont gagné la CAN et m’expliquent ce qui m’attend. »

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(envoyé spécial à Abidjan, Côte d’Ivoire)

Source : Le Monde

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