CAN 2024 : la Côte d’Ivoire sous haute surveillance avant le coup d’envoi

Sécurité, embouteillages, risque terroriste, rassemblements spontanés : zoom sur le dispositif mis en place par les autorités ivoiriennes pour que la compétition continentale se déroule sans accroc sécuritaire.

Le Monde  – A quelques jours de l’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2024, samedi 13 janvier, Youssouf Kouyaté assure être « zen ». Le directeur général de la police ivoirienne, qui est également président de la commission sécurité du Comité d’organisation de la CAN (Cocan), s’exprimait mardi soir, sur le plateau de la Nouvelle Chaîne ivoirienne (NCI). Il y donnait quelques informations sur la sécurité qui sera mise en place pour le bon déroulement de la compétition continentale.

Au total, pas moins de 20 000 membres des forces de défense et de sécurité seront mobilisés sur tout le territoire. Les ministères de l’intérieur et de la défense travailleront main dans la main. Les policiers, les gendarmes et les forces armées de Côte d’Ivoire (FACI) seront déployés dans les cinq villes hôtes du tournoi ainsi que dans les communes où des rassemblements sont prévus.

Le directeur général de la police a énuméré quatre grandes thématiques sécuritaires : la sécurisation des personnes et des biens ; le défi de la circulation après les embouteillages monstres constatés lors des précédents matches des Eléphants, la sélection nationale ; l’accueil des visiteurs sur le territoire ivoirien ; et le risque terroriste djihadiste.

« De bonnes raisons de ne pas s’inquiéter »

Cette dernière fait figure de menace la plus inquiétante au regard du contexte régional. Les deux voisins du nord, Mali et Burkina Faso, sont déstabilisés par des attaques régulières sur leur sol depuis plusieurs années et Abidjan n’oublie ni l’attentat de Grand-Bassam qui avait coûté la vie à 19 personnes en 2016 et blessé 33 autres, ni la série d’attaques qui avait touché le nord du pays, à la frontière avec le Burkina Faso, en 2020 et 2021. Le calme est revenu depuis grâce au renforcement de la présence militaire dans la partie septentrionale du pays et à l’identification ou au démantèlement de cellules dormantes, rendu possible par le travail du Centre de renseignement opérationnel antiterroriste créé en août 2021. Des projets sociaux ont également été menés auprès de la jeunesse pour les écarter des groupes armés.

Cependant, « avec la CAN, le pays est dans le viseur, estime Arthur Banga, politologue spécialiste des questions sécuritaires. Quand un pays s’expose de cette façon, c’est normal que les groupes terroristes ou rebelles qui lui en veulent soient tentés de saisir l’occasion pour faire parler d’eux. » En Angola, lors de la CAN 2010, un groupe séparatiste armé de l’enclave du Cabinda avait attaqué le bus de la sélection togolaise, faisant deux morts et neuf blessés.

Pour tenter d’éviter ce genre d’attaques, les contrôles aux frontières ont été renforcés et un dispositif antiterroriste a été mis en place. Les autorités se sont inspirées de la CAN organisée au Cameroun en 2022 et de la Coupe du monde au Qatar, tenue la même année, pour ajuster leur stratégie. Rassurant, le directeur général de la police ivoirienne promet qu’il y a « de bonnes raisons de ne pas s’inquiéter ».

« Ouvrir l’œil »

Si, en matière de risque « tous les stades se valent », rappelle le responsable, deux villes suscitent davantage de préoccupations : Abidjan, « qui serait un gros coup pour les groupes terroristes », estime Arthur Banga, et Korhogo, la grande ville du nord, située à une centaine de kilomètres des frontières du Mali et du Burkina Faso. « Comme les relations avec le Mali et le Burkina Faso sont moins bonnes, notamment au niveau du renseignement, c’est une ville forcément exposée », prévient le chercheur. A Abidjan, des sources officielles indiquent que la coopération sécuritaire avec ses deux voisins septentrionaux est désormais au point mort. En dépit de la volonté ivoirienne.

Lire la suite

  

(Abidjan, correspondance)

Source : Le Monde 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page