CAN 2024 : les Égyptiens et les Sud-Africains, prophètes en leur pays

Salaires, environnement, popularité : difficile pour les clubs européens d’attirer les joueurs du Caire ou de Johannesburg qui jouissent de très bonnes conditions dans leur club et de championnats parmi les plus relevés du continent.

Le Monde – Contrairement à leurs adversaires du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, on les croise rarement sur les pelouses européennes. Populaires et bien payés dans leur pays, la plupart des internationaux égyptiens et sud-africains préfèrent évoluer dans des clubs locaux. Pourquoi partiraient-ils ? « Ils jouent dans les deux meilleurs championnats d’Afrique, les mieux organisés et les plus développés économiquement », souligne le Français Denis Lavagne, qui a entraîné Free State Stars en Afrique du Sud ainsi que Smouha et Al-Ittihad Alexandrie en Egypte.

Bien sûr, l’Afrique du Sud a vu certains de ses joueurs s’exiler en Europe. Mais à l’exception de Lyle Foster (Burnley, Angleterre) et Lebo Mothiba (Strasbourg), aucun international retenu pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2024, qui doit débuter samedi 13 janvier en Côte d’Ivoire, n’évolue dans un grand championnat européen. Certains footballeurs égyptiens évoluent, eux, dans des clubs prestigieux comme Mohamed Salah (Liverpool), Mohamed Elneny (Arsenal) et Omar Marmoush (Eintracht Francfort).

Néanmoins, dans l’ensemble, « les meilleurs joueurs, comme le milieu de terrain Mohamed Aboutrika [trois fois champion d’Afrique avec la sélection nationale en 2006, 2008 et 2010 et cinq fois vainqueur de la Ligue des champions d’Afrique avec Al-Ahly] ne partent pas de chez eux, ou alors pour des délais très courts », poursuit Denis Lavagne. Une particularité qui n’a pas empêché les Pharaons de décrocher sept trophées en CAN, un record.

« En Egypte, les joueurs, notamment ceux qui évoluent à Al-Ahly, Zamalek ou Pyramids FC ont un statut de star. Ils sont adulés et gagnent très bien leur vie, souligne le Français Patrice Neveu, qui a dirigé Smouha et Ismaïly SC, deux formations de Premier League égyptienne. On peut donc comprendre qu’un joueur payé 60 000 euros par mois en Egypte soit réticent à l’idée d’aller en Europe, où il devra s’adapter à une autre culture, à un autre climat, apprendre une autre langue, et s’imposer, au risque de compromettre sa place en sélection nationale. » Dans les trois clubs les plus riches du pays, certains internationaux peuvent gagner jusqu’à 1,5 million d’euros par an, assortis de primes conséquentes, dans un pays où le salaire mensuel moyen n’est que de 250 euros.

« Le choix est vite fait »

En comparaison, le palmarès du football sud-africain est moins nourri. L’Afrique du Sud a certes remporté chez elle son seul titre continental en 1996 avec 16 joueurs locaux sur 22, mais ses performances restent très moyennes dans cette compétition où ils n’ont plus dépassé le stade des quarts de finale depuis la troisième place obtenue en 2000.

Reste que si les victoires des Bafana Bafana sont rares au niveau international, le championnat sud-africain est lui, considéré comme le plus relevé du continent avec la Premier League égyptienne. « Les footballeurs jouent dans des stades modernes, et jouissent d’une réelle notoriété, observe le Français Sébastien Migné, ancien entraîneur de Marumo Gallants en 2021 et désormais sélectionneur adjoint du Cameroun. Même si les salaires que proposent des grands clubs comme Kaizer Chiefs, Orlando Pirates ou Mamelodi Sundows [dont le propriétaire est l’homme d’affaires Patrice Motsepe, par ailleurs président de la Confédération africaine de football] sont un peu moins élevés qu’en Egypte. »

 

Source : Le Monde 

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