Le président du mouvement haratin El Hor remet sur la scène nationale la question de l’identité culturelle des Harratines en déclarant qu’ils ne sont pas arabes contrairement à une certaine élite haratine qui s’en réclame. Ce débat relance la question culturelle en Mauritanie, la principale contradiction qui remonte aux premières heures de l’indépendance.
La nouvelle plateforme Madar est devenue depuis un certain temps un site Web qui lance tous les débats tabous en Mauritanie. Après le chef historique du premier mouvement de libération africaine de Mauritanie, le président des FPC Samba Thiam c’est au tour du président actuel du premier mouvement des Harratines El Hor, Samory Beye de remettre la cohabitation au cœur du débat en affirmant que les Harratines ne sont pas des arabes. C’est un débat qui remonte même au sein du régime de Mokhtar Ould Daddah, père de la nation quand son ministre des Affaires étrangères Mohamed Ould Cheikh limogé pour avoir dit en face la vérité crue que ceux qui savent à quoi s’identifier abandonnent leurs valeurs propres pour être embrigadés dans l’aventure de ceux qui se cherchent une identité est non seulement de l’arbitraire, mais il s’agit d’une politique culturelle imbécile. 63 ans après les indépendances cette question est d’actualité avec la question harratine dont la composante représente aujourd’hui près de 40 pour cent de la population.
Une force démographique qui ne laisse pas indifférent les locataires du palais de Nouakchott de Oudl Taya à Ould Ghazouani. Cette complexité culturelle des anciens esclaves des arabo-berbères leur donne droit à réclamer une reconnaissance constitutionnellement au même titre que toutes les composantes nationales. Malheureusement Cette revendication légitime est mal vue par leurs anciens maîtres qui les considèrent toujours inférieurs malgré toutes les lois incriminant l’esclavage. En réalité Samory Ould Béye soulève la question culturelle des Noirs en Mauritanie. Les Harratines et les négro-africains de la vallée partagent la même problématique de l’arabité qui relève de la politique suivie depuis 1960. Les observateurs rappellent le jeu du pouvoir de Ould Taya à Ould Ghazouani qui s’appuie sur la fibre tribale essentiellement esclavagiste et qui ne ménage aucun effort pour maintenir sa domination culturelle en imposant l’arabe à tous les Mauritaniens.
La stratégie est de faire émerger une élite harratine et négro-africaine pour accélérer la re personnalisation de l’homme mauritanien. C’est cette politique culturelle imbécile qui conduit aujourd’hui à la division du peuple mauritanien en deux Mauritanie dont l’une dite arabe et l’autre partagée entre les harratines et les négro-africains qui réclament la reconnaissance de leur identité culturelle (harratine, pulaar, soninké et ouolof). Le prix de l’émancipation des Harratines c’est l’esclavage moderne avec l’expropriation des terres au profit des hommes d’affaires. La composante négro-africaine paie non seulement ce prix mais en plus le premier génocide en 1989 avec la déportation de plus 60 000 personnes et l’assassinat par l’armée de 28 soldats à la base militaire d’Inal en 1991. Après le 31 décembre prochain, de milliers de Harratines et de négro-africains pourraient devenir des apatrides et des sans-papiers chez eux. L’affichage omniprésent sur la scène nationale et internationale de la politique arabe et africaine c’est de la poudre aux yeux pour asseoir l’arabité de la Mauritanie.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 17 décembre 2023)
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