COP28 : de trop petits pas sur l’adaptation au changement climatique pour l’Afrique

Les priorités du continent n’ont pas été au centre des discussions dans une conférence de Dubaï concentrée sur la question des énergies fossiles.

Le Monde – Jusqu’aux dernières heures de la négociation, Collins Nzovu, ministre de l’économie verte de Zambie et porte-parole du groupe africain à Dubaï, a espéré que l’impact disproportionné de la crise climatique sur l’Afrique serait « explicitement » reconnu dans l’accord final signé mercredi 13 décembre, qui ouvre la voie à une « transition hors des énergies fossiles ». Il n’en a rien été. Cet échec reflète la position inconfortable dans laquelle ont été cantonnés pendant deux semaines les négociateurs africains de la 28conférence de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (COP28).

A Dubaï, le sujet principal sur lequel les émissaires du continent avaient des attentes a largement été ignoré : celui de l’adaptation au changement climatique dont le coût ne cesse de croître au fur et à mesure que se multiplient les événements extrêmes, à l’image des inondations qui endeuillent actuellement la Corne de l’Afrique après qu’elle a subi la sécheresse la plus sévère depuis quarante ans.

« Nous n’accepterons aucun accord qui ne donne pas satisfaction aux priorités de l’Afrique et parmi celles-ci figurent l’adoption d’un cadre permettant la mise en œuvre d’un objectif global sur l’adaptation [comme il en existe sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre] », avait mis en garde Collins Nzovu lundi 11 décembre, à la veille de la clôture officiellement prévue de la conférence.

Il a sur ce point été entendu, puisque le texte final donne corps à cette demande en consacrant – certes en des termes imprécis – plusieurs paragraphes à ce qui devra constituer l’architecture de ce futur objectif : évaluation des risques et des impacts, introduction de systèmes d’alertes pour anticiper les événements climatiques extrêmes, élaboration de plans nationaux d’adaptation d’ici à 2030… A ce stade, ce cadre reste cependant une coquille vide car aucune réponse n’est apportée sur les moyens financiers de sa mise en œuvre. Malgré l’engagement pris, il y a deux ans lors de la conférence sur le climat de Glasgow, de doubler les fonds alloués à l’adaptation d’ici à 2025. Une cible est toutefois adoptée : atteindre entre 215 et 387 milliards de dollars par an d’ici 2030.

 

Consensus obtenu sur les énergies fossiles

 

En 2022, l’Afrique n’a reçu que 15 à 30 % des capitaux nécessaires pour couvrir ses besoins en matière d’adaptation, selon la Banque africaine de développement (BAD). « L’argent que nos Etats dépensent pour faire face à des événements climatiques extrêmes est autant de ressources soustraites aux budgets de la santé ou de l’éducation… Ils ne devraient pas devoir s’endetter davantage pour résoudre un problème dont ils ne sont pas responsables », déplore Amadou Hott, à la tête de l’Initiative pour les infrastructures vertes en Afrique lancée par la BAD en 2022.

Mercredi, la Banque mondiale a annoncé que le service de la dette versée par les pays en développement avait atteint un nouveau record en 2022 en raison de la hausse des taux d’intérêt. La situation des pays les moins avancés parmi lesquels figurent 33 pays africains s’est particulièrement dégradée. L’institution multilatérale relève que leur dette progresse deux fois plus vite que leurs revenus et accapare une part substantielle des recettes tirées des exportations.

Collins Nzovu, ministre de l’économie verte de Zambie et porte-parole du groupe africain, lors d’une session plénière de la COP28, à Dubaï (Emirats arabes unis), le 9 décembre 2023.

 

Cette concession accordée sur l’adaptation a aussi facilité le ralliement du groupe Afrique au consensus finalement obtenu sur les énergies fossiles. Si, dans les débats tendus des dernières heures, l’attention s’est focalisée sur l’hostilité des gros pays producteurs, en particulier du golfe Persique, la présidence émiratie a aussi dû entendre le refus du continent de ne pouvoir utiliser ses ressources naturelles alors que la moitié de sa population reste privée d’accès à l’énergie. Près d’une quinzaine de pays sont des producteurs ou de futurs producteurs de gaz et de pétrole.

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Source : Le Monde – (Le 13 décembre 2023)

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