Guerre Israël-Hamas : à Jérusalem-Est, la libération sous tension des prisonniers palestiniens

Relâchés pour certains de la prison d’Ofer, en Cisjordanie, vingt-quatre femmes et quinze mineurs ont retrouvé leurs familles. Le Hamas capitalise sur ces libérations, au grand dam des Israéliens.

Le Monde – Même s’il avait été formellement interdit de participer aux réjouissances au-delà du premier cercle familial, il y a quand même du monde dans les salons de l’appartement de Beit Hanina, à Jérusalem-Est : l’oncle qui virevolte, Thermos en main, en distribuant du café dans des petites tasses en carton, à côté des autres frères – neuf au total –, de leur sœur, de leurs enfants à tous. Ils essaient de ne pas parler fort, s’assoient dans les grands fauteuils, se lèvent, crient, sont bousculés, éclatent de rire. Il y a aussi deux jeunes garçons timides qui surnagent dans toute cette agitation en contemplant intensément leur mère, qu’ils découvrent dans des habits élégants et en liberté. Ils peinent presque à la reconnaître. Amani Hashim, mère, fille, nièce et prisonnière depuis sept ans, vient de rentrer à la maison.

La trentenaire vient de retrouver sa liberté, vendredi 24 novembre, dans le cadre d’un échange de prisonniers palestiniens – le premier après le conflit déclenché le 7 octobre par l’attaque du Hamas – contre des otages israéliens détenus dans la bande de Gaza depuis lors. Au total, 39 détenus sortis des prisons israéliennes (vingt-quatre femmes et quinze mineurs) ont été libérés vendredi. Un premier groupe, avant d’autres attendus et espérés dès le lendemain. Des opérations similaires doivent se poursuivre dans les trois jours suivants, à raison de trois prisonniers contre un otage.

Des journalistes devant les portes de la prison Ofer, où ont été transférés certains des prisonniers palestiniens libérés dans le cadre de l’échange contre des otages israéliens, le 24 novembre 2023.
Al-Jazira diffuse les images de la libération d’otages israéliens, dans l’appartement de la famille d’Amani Hashim, qui vient juste d’être libérée, à Jérusalem-Est, le 24 novembre 2023.

Vers 20 heures, vendredi, les premiers détenus palestiniens – il avait été entendu qu’aucun d’entre eux n’avait versé de sang israélien – viennent d’être libérés après avoir été regroupés dans divers lieux de détention, notamment à la prison d’Ofer, au bord de la sinistre route 443 qui cisaille la Cisjordanie, entourée de barbelés et du mur de la barrière de protection. Ofer est, techniquement, en Cisjordanie, mais administrée par Israël.

Le complexe a des airs de forteresse mal entretenue. Les détenus libérables doivent filer dans des bus. Devant le centre de détention, un espace a été réservé pour la presse afin qu’elle puisse observer cet instant, mais pas au point de laisser des échanges s’instaurer. Dans le contexte d’un pays, Israël, sous le choc, après les massacres du Hamas, il est exclu que l’échange entre otages et prisonniers soit transformé en tribune politique.

Renvoyer les pâtisseries

Certains vont partir vers Jérusalem-Est, les autres vont se diriger vers la Cisjordanie, à Bethléem, à Naplouse, à Ramallah ou encore à Beitunia, située à quelques kilomètres à vol d’oiseau d’Ofer, mais à près d’une heure par la route, tant les zigzags de la barrière compliquent les trajets dans cette région.

Il y a sept ans, Amani Hashim percutait avec sa voiture, dont elle disait que les freins avaient lâché, un véhicule militaire au checkpoint de Kalandia, l’un des sas entre Jérusalem-Est et Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne. Les circonstances demeurent un peu floues. La voiture a été criblée de balles, pas elle. Elle avait été condamnée, ensuite, à dix ans de prison. Elle vient de s’en voir graciée de trois.

Des policiers israéliens bloquent l’entrée de la rue où vit la famille d’Amani Hashim, à Jérusalem-Est, le 24 novembre 2023.

 

Un peu plus tôt, en cet étrange vendredi, l’atmosphère était cependant loin d’être à la fête dans l’appartement familial de Beit Hanina. Des membres des forces de sécurité israéliennes, de diverses unités, avaient bloqué les environs. Gyrophares, patrouilles et dispersion de regroupements. On joignait l’oncle au téléphone depuis le coin de cette rue tranquille de Beit Hanina, où des voisins épiaient le spectacle derrière leurs rideaux, conscients qu’il n’était pas conseillé d’approcher.

Lire la suite

(Jérusalem-Est, Cisjordanie, envoyé spécial)

Source : Le Monde

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page