Deux poids, deux mesures mais un seul coupable, le juif, encore et toujours

Si l'antisémitisme était coté en Bourse, on pourrait miser dessus toute sa fortune sans prendre aucun risque de krach!

Slate – Cela ne date pas d’hier mais sitôt qu’on parle des juifs ou d’Israël, le monde entier perd les pédales et parle à tort et à travers. Une sorte de pornographie de la parole où chacun y va de son couplet sans jamais se montrer capable de discernement, comme si ce simple vocable de «juif» incendiait les esprits au point de leur faire abandonner toute raison.

Les juifs donnent le tournis. Prenez le plus sage, le plus savant des philosophes, entretenez-le de la question juive ou des juifs en général et il partira en vrille au bout de deux répliques avant de se mettre à justifier l’injustifiable. Les juifs enflamment les imaginaires, provoquent des réactions si grossières, si outrancières, si disproportionnées qu’on en vient à se demander s’il n’existe pas dans quelque repli secret du cerveau une sorte de zone interdite où prospèrent toutes sortes d’idées nauséabondes consacrées à eux seuls.

Les juifs représentent à peine 0,2% de l’humanité et pourtant, on ne parle que d’eux et le plus souvent pour les peindre sous des couleurs peu amènes. À croire que sans eux, le monde périrait d’ennui ! Qu’est-ce donc qui fascine autant les peuples, les nations, les individus pour que sans relâche, on en vienne à les discriminer, à les haïr, à les vitupérer, à les réduire en fumée?

Pourtant voilà un peuple qui pendant des siècles et des siècles, bien avant la création de l’État hébreu, n’a jamais commis aucun tort à personne. Et qui n’a jamais rien exigé si ce n’est de vivre selon ses lois et ses traditions. En récompense de quoi on les a expulsés d’à peu près partout, on les a accusés des pires vilenies, on les a enfermés dans des ghettos, on a brûlé leurs livres avant de les brûler eux-mêmes.

On les a jalousés, on les a enviés, on les a maudits sans jamais avancer une seule raison valable à ces comportements grossiers. Furent-ils consacrés par la Bible comme le peuple destiné à recevoir les commandements de Dieu qu’ils en payèrent le prix au péril de leur vie. Serait-ce donc cela leur grande faute, leur culpabilité suprême, celle d’avoir voulu encadrer les passions humaines –la sauvagerie innée de l’être humain– par l’application de lois aussi justes que sévères?

Si seulement Moïse s’était perdu en chemin en redescendant du mont Sinaï, si au détour d’un sentier, il avait fait une chute fatale, que douce aurait été leur existence, que d’ennuis ils se seraient épargnés, que de pogroms, d’humiliations, de déportations ils se seraient évités ! Moïse, mais Moïse, toi qui bégayais, pourquoi au lieu de ta bouche, ce ne sont pas tes pieds qui ont bégayé quand tu t’es mis en tête de rapporter les paroles de l’Éternel auprès de ton peuple? Par générosité d’âme, pourquoi n’avoir pas pris la tangente et t’être perdu dans le désert, gardant près de toi ces lois qui ont mis le feu aux consciences, un feu qui continue à brûler jusqu’à aujourd’hui?

Prenez Israël. Voyez avec quelle fureur aujourd’hui on en parle comme si c’était la première fois dans la longue et sanglante histoire de l’humanité que des hommes livraient bataille pour un misérable morceau de territoire. Faudrait-il que les juifs soient juste nés pour souffrir, qu’on leur interdise de se défendre quand on les attaque, qu’on leur reproche ce que des pays par tout temps ont eu comme conduite quand ils furent en proie à des barbares sans nom?

Lire la suite

 

 

 

Laurent Sagalovitsch

 

 

 

Source : Slate (France)

 

 

 

Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page