DANS QUELLE LANGUE PRIER / Par Ciré KANE

"La plupart des noirs musulmans, faute de pouvoir distinguer entre islam et arabité, religion et traditions, sont en train de s'arabiser et de s'orientaliser. Cette assimilation, voire aliénation, est nettement observable aux frontières arabes/noirs, de la Somalie à la Mauritanie." Siree KAN

La plupart des africains ne lisent pas le coran, ils préfèrent écouter ceux qui prétendent connaître l’islam mais qui ne s’attardent que sur des détails plus arabiques qu’islamiques. Quand un talibé (taliban ?) écarquille les yeux à l’énoncé que le prophète Mohamed n’a jamais vu un livre de coran, ne pas tenter de lui expliquer l’origine politique de la prière systématique sur le prophète. Vous passerez définitivement pour l’antéchrist Dajjal lui-même. Les ignorants n’ont que des certitudes pour lesquelles les plus radicaux d’entre eux seraient prêts à tuer frères et sœurs de la même case.

La majorité de ceux qui lisent le coran le récitent plus qu’ils ne le comprennent. Ils s’agenouillent devant les arabes malékites qu’ils reconnaissent comme seuls maîtres de l’exégèse et de l’interprétation du texte. Voilà pourquoi les pétrodollars saoudiens et qataris installent plus facilement les bases du terrorisme au Mali ou au Nigeria, laissant l’Afrique blanche en sécurité.

C’est bien la preuve que le meilleur livre c’est la vie, on apprend tous les jours, surtout quand on refuse de débrancher son intelligence, de laisser laver son cerveau par des imposteurs. Si l’islam est universel alors il est multilingue, multi-ethnique, international et chaque peuple a reçu une part de génie qui lui permet de se réapproprier le message, de l’interpréter en tous temps en fonction de ses réalités.

La plupart des noirs musulmans , faute de pouvoir distinguer entre islam et arabité, religion et traditions, sont en train de s’arabiser et de s’orientaliser. Cette assimilation, voire aliénation, est nettement observable aux frontières arabes/noirs, de la Somalie à la Mauritanie.

La solution est une action forte des peuples autochtones pour le retour et la sauvegarde de leurs traditions, la réhabilitation de leurs spiritualités anciennes diabolisées par les religions monothéistes qu’elles ont pourtant inspirées.

Il est également important de pratiquer sa foi dans sa langue maternelle, c’est la meilleure garantie pour comprendre l’islam et donc s’éloigner de l’obscurantisme, ce serait la fin du terrorisme si on comprenait enfin ce qui n’était que psalmodié dans un parlé étranger.

Rappelons que chez les catholiques on peut prier dans sa langue maternelle depuis le Concile Vatican II (1963). Le latin, langue incompréhensible par la plupart des chrétiens, a été désacralisé pour marquer l’universalité du message de l’Eglise.

Des imams africains commencent à prier dans leurs langues mais ces pionniers sont le plus souvent considérés comme des hérétiques, parfois même emprisonnés par des fanatiques. Mais cette transformation, bien amorcée chez les malinkés par exemple, est une tendance lourde.

Les musulmans devraient méditer pourquoi le latin a été déclaré langue morte. Les principaux arguments ? Complexité, ne véhiculait plus les sciences, a cessé d’être compris de tous. Alors pourquoi prendre tous ces risques en grande partie portés par l’actuelle langue arabe pour diffuser un islam encore dans toute sa vigueur ? L’expérience chrétienne nous rappelle que verdict des sciences comme moteur puissant de la vivacité des langues doit être pris en considération même par les religions. Il serait idiot que l’éventuelle mort de l’arabe dans 100 ans pour carence scientifique porte préjudice aux muslims ou à leurs productions intellectuelles de vivification de l’islam.

L’Eglise est née à Kemet, l’Egypte Antique des pharaons noirs. Alexandrie en porte les vestiges. L’islam des lumières, assombri par le wahhabisme au 9ème siècle,  pourrait lui aussi rejaillir de l’Afrique si on laisse ce continent s’exprimer dans la richesse de ses langues maternelles. Le berceau de l’humanité, berceau des sciences, est aussi berceau du monothéisme pur. Ces vieux papyrus l’attestent.

 

7 novembre 2023

Siree KAN

Pourquoi l’Eglise a quitté l’Afrique ?

Selon Kalala Omotunde, un ses plus grands spécialistes de la spiritualité dans l’Egypte antique,  La dynastie grecque ptolemaïque  qui régnait sur Kemet avait exigé des prêtres noirs d’élargir leurs messes très restreintes au public d’Alexandrie pour que le peuple puisse voir le roi accomplir les cultes de Kemet réglés par le netcherou Diehuty (dieu des cérémonies). Les prêtres avaient refusé rappelant que les rituels demandent un haut niveau de sacralité impliquant purification, retrait, abstinence…ce qui est hors de portée du public néophyte. Face à ce refus les ptolemée avaient délocalisé l’Eglise en Italie pour des messes plus spectaculaires où le faste l’emporte sur la foi intérieure. N’importe qui pouvait rentrer dans les lieux sacrés. 

(Reçu à Kassataya.com le 07 novembre 2023)

 

 

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