L’aide de l’ONU à Gaza menacée de paralysie, nouvelles frappes israéliennes

L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens pourrait cesser ses activités dès mercredi faute de carburant dans la bande de Gaza, assiégée et de nouveau pilonnée par l'armée israélienne en riposte à l'attaque sanglante du Hamas.

Courrier international – L’aide internationale arrive au compte-gouttes dans le territoire palestinien, bombardé sans discontinuer depuis le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le mouvement islamiste, qui a déjà fait des milliers de morts.

Mais cette aide ne représente qu' »une goutte dans un océan de besoins », a lancé mardi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Déjà des hôpitaux ont fermé, faute de carburant, dans le territoire privé d’eau et d’électricité, où s’entassent 2,4 millions de Palestiniens dans des conditions humanitaires désastreuses.

Antonio Guterres a appelé mardi à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » et condamné les « violations claires du droit humanitaire » dans la bande de Gaza.

Cet appel a suscité la colère d’Israël. « Monsieur le secrétaire général, dans quel monde vivez-vous ? », a lancé le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen. « Sans aucun doute, ce n’est pas le nôtre ».

 

Opérations sans anesthésie

 

L’ONU réclame d’urgence la livraison de carburant, pour faire fonctionner les générateurs dans les hôpitaux, pomper et purifier l’eau, faire circuler les camions.

Six hôpitaux de la bande de Gaza ont déjà fermé à cause du manque de carburant, selon l’Organisation mondiale de la santé.

« Nous avons opéré plusieurs blessés sans anesthésie », a raconté à un journaliste de l’AFP Ahmad Abdul Hadi, un chirurgien orthopédique de l’hôpital Nasser à Khan Younès, une ville du sud de la bande de Gaza.

« Premièrement, il n’y a pas assez de produits anesthésiants dans l’hôpital. Ensuite, les blessés souffrent énormément, nous ne pouvons pas attendre donc nous les opérons », a-t-il ajouté.

Selon Mohammed Abu Selmeya, le directeur de l’hôpital Shifa dans la ville de Gaza, le plus grand du territoire, « dix hôpitaux sont déjà hors service » et « plus de 90 pour cent des médicaments et des produits sont épuisés ».

Mais pour les Etats-Unis, un cessez-le-feu « à ce stade-ci ne bénéficierait qu’au Hamas ». La Maison Blanche a suggéré plutôt des « pauses » pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.

La bande de Gaza, un territoire pauvre de 362 kilomètres carrés, soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007, est placée depuis le 9 octobre en état de « siège complet » par Israël, qui y a coupé l’eau, l’électricité et l’approvisionnement en nourriture.

 

« Frappes de grande ampleur »

 

Ce siège s’accompagne de bombardements sans relâche du territoire par Israël, qui a massé des dizaines de milliers de soldats aux abords de la bande de Gaza et intensifié ses frappes ces derniers jours dans le but « d’écraser » le Hamas.

Une offensive terrestre serait cependant extrêmement périlleuse dans ce territoire très densément peuplé, truffé de tunnels où le Hamas cache armes et combattants, et en présence d’otages.

 

AFP

Un enfant sorti des ruines d’un immeuble bombardé, le 24 octobre 2023 à Khan Younès, dans la bande de Gaza

 

« Il y a beaucoup d’obstacles », a déclaré à l’AFP, sans donner son nom, un soldat israélien d’une unité du génie. « L’ennemi nous arrose de roquettes et d’autres choses que je ne peux pas détailler, pour nous empêcher de progresser ».

Le gouvernement du Hamas à Gaza a annoncé mercredi que les bombardements avaient fait au moins 80 morts dans le territoire palestinien durant la nuit.

L’armée israélienne a affirmé avoir mené « des frappes de grande ampleur », qui ont touché « plusieurs infrastructures terroristes du Hamas », dont des tunnels.

Le 7 octobre, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, et au dernier jour des fêtes de Souccot, des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré Israël depuis la bande de Gaza, semant la terreur lors de cette attaque d’une violence et d’une ampleur sans précédent depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948.

Plus de 1.400 personnes sont mortes en Israël depuis le début de la guerre, la plupart des civils tués le jour de l’attaque, selon les autorités.

Environ 220 otages israéliens, étrangers ou binationaux ont été recensés par Israël, emmenés à Gaza par le Hamas. Quatre d’entre eux ont été relâchés, deux Américaines puis deux Israéliennes lundi.

Mardi, le Hamas a affirmé que 5.791 personnes, en majorité des civils dont 2.360 enfants, avaient été tuées par les bombardements de représailles israéliens.

 

« Le temps presse »

 

Mardi, un quatrième convoi de huit camions chargés d’aide internationale est arrivé en provenance d’Egypte via le poste-frontière de Rafah, le seul point de passage vers la bande de Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien.

Cinq de ces camions étaient chargés d’eau, deux de nourriture et un de médicaments, a annoncé le Croissant-Rouge palestinien. Mais pour l’ONU, au moins cent camions par jour seraient nécessaires.

« Le temps presse. Nous avons un besoin urgent de carburant », a déclaré à l’AFP Juliette Touma, directrice de la communication de l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, qui craint de devoir arrêter ses opérations dès mercredi soir.

Mais Israël exclut de laisser entrer du carburant, affirmant que cela profiterait au Hamas.

« Non, pour l’instant, nous n’avons aucun intérêt à ce que la machine militaire du Hamas reçoive davantage de carburant, et nous n’avons pas autorisé de carburant », a déclaré le conseiller de M. Netanyahu, Mark Regev, sur la chaîne CNN.

Depuis le 15 octobre, l’armée israélienne appelle la population du nord de la bande de Gaza, où les bombardements sont les plus intenses, à évacuer vers le sud.

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Bande de Gaza (Territoires palestiniens) (AFP)

Source : Courrier international

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