Maroc : la normalisation des relations avec Israël mise à mal par la guerre

Plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé à Rabat pour marquer leur soutien au peuple palestinien et demander au royaume de mettre fin à son rapprochement avec Israël.

 Le Monde – Du jamais-vu dans les rues de Rabat depuis vingt ans : une véritable démonstration populaire de condamnation des opérations militaires israéliennes à Gaza et de soutien aux Palestiniens s’est tenue dimanche 15 octobre.

La marche de protestation a réuni « plusieurs centaines de milliers de personnes », selon les organisateurs, le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation, qui rassemble une vingtaine de partis, de syndicats et d’associations, et le Groupe d’action nationale pour la Palestine, proche des islamistes du Parti de la justice et du développement. « Il y avait plus de 300 000 personnes dans la rue », rapporte Abdullah Abaakil, élu au conseil de Casablanca sous l’étiquette du Parti socialiste unifié, qui relève « une participation beaucoup plus importante que lors des manifestations contre la guerre en Irak en 2003 ».

« Le peuple veut la criminalisation de la normalisation », ont scandé les manifestants, dénonçant les morts palestiniens – plus de 2 200, selon un dernier bilan provisoire dimanche après-midi – et la reprise des relations officielles entre le Maroc et l’Etat hébreu actée en 2020 dans le cadre des accords d’Abraham. « Nous demandons la fermeture de l’ambassade israélienne et la cessation de toute relation avec Israël », a déclaré Sion Assidon, membre du secrétariat du Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation, qui prévoit d’autres manifestations dans les prochains jours, « en fonction de l’évolution de la situation à Gaza ».

Une présence policière renforcée était visible ce week-end aux abords des synagogues de Casablanca et des établissements scolaires et culturels juifs de la métropole, où vit la très grande majorité des quelque 3 000 Marocains de confession juive. Dans ce contexte, l’ambassade des Etats-Unis au Maroc a diffusé vendredi une alerte, appelant ses ressortissants à « faire preuve de discrétion », à « éviter les manifestations et les foules » et à « rester vigilants dans les endroits fréquentés par les touristes et les Occidentaux ».

« Une rupture ne paraît pas envisageable »

Alors que la contestation au Maroc gagne du terrain, la riposte de l’armée israélienne, menée en réponse aux attaques sanglantes du Hamas dans plusieurs localités de l’Etat hébreu, qui ont fait samedi 7 octobre plus de 1 300 morts, met à l’épreuve la relation entre le Maroc et Israël. Depuis les attaques, le royaume fait preuve d’une extrême prudence, voire d’une prise de distance avec l’Etat hébreu. Si le roi Mohammed VI, qui préside le comité Al-Qods, ne s’est pas exprimé sur ce dossier, le ministère marocain des affaires étrangères a réagi de manière équivoque dans un communiqué diffusé le jour des attaques, sans mentionner Israël et en parlant d’« actions militaires dans la bande de Gaza », alors qu’elles ont eu lieu en territoire israélien.

Une retenue qui contraste avec ses déclarations récentes sur « la dynamique soutenue de renforcement de la coopération entre le royaume et Israël ». Mercredi, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, qui présidait la session extraordinaire du Conseil de la Ligue des Etats arabes, a « exprimé la disposition du Maroc à adhérer à tout effort arabe et international visant à réaliser les aspirations du peuple palestinien à l’établissement d’un Etat indépendant ».

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Source : Le Monde

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