Mauritanie : la rentrée scolaire à double visage sur fond d’une réforme controversée

La rentrée scolaire 2023-2024 est marquée symboliquement par le coup d’envoi du président Ould Ghazouani dans une école à Nouakchott sur fond d’une exposition sur l’enseignement originel cher au chef de l’Etat d’un côté et de l’autre par la cherté des manuels scolaires d’une réforme controversée qui pénalise pour la deuxième année consécutive l’enseignement privé au niveau du Fondamental.

Pour la deuxième année consécutive, les Mauritaniens n’enverront pas leurs enfants à l’école primaire en revanche ils pourront le faire pour le collège et le lycée. C’est la deuxième année de la réforme du système éducatif qui s’annonce pénible pour les parents d’élève avec une double peine parce que les livres et matériels scolaires reviennent plus chers sur le marché de la capitale. Avec un pouvoir d’achat très faible beaucoup de familles risquent de démissionner abandonnant ainsi leurs enfants sans fournitures scolaires.

Un double visage de la rentrée qui contraste avec une réforme controversée, dernier souci d’un gouvernement affairé à préparer la réélection de Ould Ghazouani en 2024. La rentrée des classes s’est passée comme si la nouvelle réforme est un miracle contre la crise structurelle de l’enseignement depuis des décennies et qui fait toujours des hécatombes du Baccalauréat et des concours d’entrée au collège.

C’est une réforme qui pénalise le privé sur l’enseignement fondamental tout en affaiblissant le français appelé à disparaître pour une arabisation poussée même dans les matières scientifiques. Et ensuite l’arnaque politique entendez par là la loi d’orientation de 2023 laisse croire l’introduction des langues nationales (pulaar, soninké et ouolof) dans l’enseignement alors que le principe directeur est d’abord l’assimilation des écoliers non arabophones en attendant la réussite de cette expérimentation dont la durée est une énigme. La deuxième année de la réforme suit les traces de la première pour un système éducatif qui va générer de jeunes chômeurs qui n’auront d’autres choix que de passer par le Nicaragua pour rejoindre les Etats-Unis ou les pirogues pour l’Europe.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 08 octobre 2023)

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