Sony Labou Tansi, une plume engagée pour l’Afrique

CHRONIQUE. Par son écriture cinglante et imagée, sa critique féroce aussi, le Congolais Sony Labou Tansi a marqué les littératures africaines francophones.

Le Point  – À l’image des Ayi Kwei Armah et autre Wole Soyinka pour la littérature anglophone, l’écrivain congolais Sony Labou Tansi est à compter parmi les plus grandes figures de la littérature africaine. Ses thèmes prennent leurs sources dans les problèmes de fond que vit l’Afrique de la post-indépendance : la pauvreté rampante de la majorité des Africains face à la richesse ostentatoire de cette minorité que Ngugi wa Thiong’o nomme « la bourgeoisie compradore », celle qui a profité des indépendances en pratiquant des malversations et la corruption, celle des prises de pouvoir pour le pouvoir et pas pour le bien des populations. Les idéologies nationalistes, socialistes et capitalistes furent détournées de toute politique bienveillante envers les démunis.

Son premier roman La Vie et demie dénonce de manière frontale les pouvoirs népotistes. Dans la préface de ce roman, il explique : « J’écris [ou je crie] pour qu’il fasse homme en moi. » Le titre de son second roman, L’État honteux, confirme sa colère, voire son désespoir. Il s’y exprime en espérant rétablir la dignité.

Des histoires à hauteur d’homme

 

Son quatrième roman, L’Anté-peuple, aborde, avec un sens du récit impressionnant et un art très maîtrisé de l’écriture, la descente aux enfers d’un innocent. Les mots s’y entrechoquent, virent et virevoltent, viennent de la gouaille des griots, usant de métaphores et d’une certaine imagerie africaine. Sony Labou Tansi y narre l’histoire de Dadou, un parfait anti-héros.

Directeur d’une école professionnelle de jeunes filles, ce bel homme, sérieux, professionnel, attire malgré lui le regard des étudiantes et, inévitablement, l’une d’elles tombe amoureuse de lui. Le succès va compliquer la vie du « citoyen directeur », car il finit par céder aux avances de Yavelde qui se retrouve enceinte. Par peur de représailles de sa famille, Yavelde se suicide. Bien que clamant son innocence, la foule formée de voisins et de parents se venge, et tue l’épouse et les enfants de Dadou.

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Benaouda Lebdai

Source : Le Point (France) – Le 20 août 2023

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