
Courrier international – Sur une couverture aux allures de tableau d’école, un enfant termine d’inscrire “En darija, pourquoi pas ?” à la craie. Dans son édition du 28 juillet, le magazine TelQuel s’interroge sur le “désamour” des Marocains envers leur identité linguistique.
À l’heure où une meilleure reconnaissance du tamazight, la langue berbère, est défendue corps et âme par la communauté amazighe dans le royaume, l’introduction de la darija à l’école divise le Maroc.
S’il n’est toujours pas enseigné, l’arabe dialectal marocain est “utilisé par plus de 90 % des Marocains”, explique Driss Ksikes, directeur du centre de recherches de l’Institut des hautes études de management. Au cours des deux dernières décennies, il s’est largement démocratisé dans plusieurs domaines, “à commencer par le secteur culturel : qu’elles soient sur petit ou grand écran, sur les planches du théâtre ou dans la rue, la majorité des créations culturelles sont en darija”, observe l’hebdomadaire casablancais.
Un choix également assumé par le gouvernement lors de “campagnes de sensibilisation déployées par le ministère de l’Intérieur pendant la pandémie du Covid-19”, face à une compréhension quasi unanime de la langue au Maroc.
“Inaccessible dans certaines sphères”
Pour autant, la darija “reste inaccessible dans d’autres sphères”, constate TelQuel. D’autant plus que certains domaines restés imperméables à la démocratisation de l’arabe dit “marocain” concernent les droits citoyens.
Dans les tribunaux, par exemple, seul l’arabe littéraire semble reconnu par les magistrats. Une situation déplorée par Driss Ksikes, cité par le titre marocain :
“Il y a encore des résistances dans tous les lieux où […] la question de la langue, en tant que moyen de communication, est beaucoup plus vitale.”
Pourtant partie intégrante du patrimoine linguistique marocain, la darija souffre d’un flou au regard de son statut. “Est-elle seulement un dialecte, une langue de seconde zone, ou devrait-elle acquérir le statut de langue nationale ?” résume TelQuel.
TelQuel (Casablanca)
Fondé en 2001, ce newsmagazine francophone s’est rapidement distingué de ses concurrents marocains en faisant une large place aux reportages et aux faits de société.
Source : Courrier international
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com