Bruce Lee, le feu sacré du dragon

BRUCE LEE (1/5). Cinquante ans après sa mort le 20 juillet 1973 à l’âge de 32 ans, l’homme qui popularisa le kung-fu en quatre films, dont un posthume, est toujours le Chinois le plus connu dans le monde. C’était son rêve, dont il ne profita que quelques mois

Le Temps – Que serait devenu Bruce Lee s’il avait vécu toute une vie entière ? Un vénérable sage chinois à longue barbe blanche, comme on en voit dans les films de sabre ? Un vieil acteur américain dont le nom se serait étalé sur des chaînes de fitness ou des bouteilles de sauce soja ? Un petit homme sec et solitaire au sourire malicieux, que l’on aurait pu croiser sur les quais de Vevey sans se douter qu’il avait été un jour le maître du monde?

Bruce Lee est resté éternellement jeune, éternellement à torse nu, deltoïdes, trapèzes et abdominaux parfaitement sculptés, éternellement en colère. L’éternité est la récompense quand on meurt en pleine gloire. Il n’est pas sûr qu’il n’aurait pas signé ce pacte faustien. Sur le fond, son but était atteint et son ambition assouvie. «Je deviendrai plus célèbre que toi», avait-il dit à Steve McQueen, à qui il avait donné des cours de kung-fu (il disait «gung-fu», la prononciation cantonaise) parmi d’autres célébrités d’Hollywood alors qu’il attendait son heure. Elle est finalement venue, d’un coup, en quatre films, tous sortis entre 1971 et 1973.

Ce fut comme une grêle de coups au corps qui s’abattit sur le public occidental. Du jour au lendemain, tous les enfants des écoles se sont pris pour Bruce Lee. C’était facile. Il n’y avait pas besoin de maîtriser des techniques martiales, il suffisait d’imiter ses mimiques, de se mettre à torse nu, faire craquer ses phalanges, sautiller autour de son adversaire, lui intimer de s’approcher d’un mouvement de la main et feuler comme un chat.

Charlot fait du kung-fu

 

Avec le recul, les points de comparaison entre Bruce Lee et Charlie Chaplin sont évidents. Comme le père de Charlot, il a inventé un personnage universel, quasiment muet, dans des films dont il était à la fois le sujet, l’acteur principal, le scénariste, le chorégraphe et parfois même le réalisateur. Pour créer le combattant et le vagabond, ils se sont appuyés l’un comme l’autre sur une solide culture classique dont ils ont su s’affranchir pour redéfinir les codes de leur art. Les deux étaient issus de parents artistes et débutèrent comme enfant acteur. Le premier film dans lequel joua Bruce Lee s’appelle The Kid (1950). L’un comme l’autre furent partagés entre les Etats-Unis et leur île d’origine, la Grande-Bretagne et Hongkong.

 

Avec ses parents, en 1940. — © Alamy Stock Photo
Avec ses parents, en 1940. — © Alamy Stock Photo

 

Chinois, Bruce Lee est pourtant bien né aux Etats-Unis, le 27 novembre 1940 à San Francisco, où son père Lee Hoi-chuen est en tournée avec l’Opéra de Canton dont il est une des figures. Un hasard de l’existence, que sa mère, issue de la haute bourgeoisie de Shanghai, interprète comme un signe. Elle donne à son quatrième enfant un prénom américain, Bruce, et ajoute au patronyme Lee un prénom chinois, Jun Fan, qui signifie «retourner», parce qu’elle pressent qu’il reviendra un jour aux Etats-Unis. Moins mystique mais plus prévoyant, son père déclare une autorisation provisoire de sortie pour son fils lorsque la famille rentre quelques semaines plus tard à Hongkong.

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Laurent Favre

Source : Le Temps (Suisse)

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