Sahel et attise la curiosité de leurs adversaires. Gauthier Pasquet n’est pourtant pas une vraie personne mais un avatar. Depuis, le faux compte aux 29 400 abonnés, détracteur acerbe des régimes militaires sahéliens et défenseur inconditionnel d’une France pourtant de plus en plus mal-aimée dans la région, ne cesse de faire parler de lui. Au point que ses publications – mélange de réelles informations ultra confidentielles et de fausses nouvelles visant à déstabiliser les régimes en place – ont déjà fait réagir les gouvernements et les états-majors des armées de ces pays.
– L’homme agace les juntes au pouvoir auCe « troll » est l’illustration d’une guerre informationnelle qui ne cesse de croître au Sahel, alors que les juntes au pouvoir, souvent appuyées par la machine russe, ont placé la critique de la politique française au cœur de leur propagande afin de souder le peuple derrière elles. Ainsi, « Gauthier Pasquet », s’est senti investi d’une mission : redorer le blason français et critiquer les militaires au pouvoir au Sahel.
L’identité du ou des administrateurs de ce compte reste un secret bien gardé. Sur son profil, « Gauthier Pasquet » se présente comme un journaliste indépendant, cite la chaîne musicale « RFM TV » et affiche la photo d’un reporter turc. Sans surprise, le média a affirmé ne pas connaître de Gauthier Pasquet tandis que le journaliste – qui s’avère être Can Dündar, un opposant au régime du président Recep Tayyip Erdogan – a réclamé à l’avatar qu’il retire la photo usurpée. En vain.
« Par passion »
Le compte a conservé ses références et continue de jouer au poker menteur, alimentant les fantasmes en Afrique de l’Ouest. Pour les uns, « Gauthier Pasquet » est rattaché aux services de renseignement français, tandis que d’autres l’apparentent à la présidence de la Côte d’Ivoire, allié de poids de Paris dans la sous-région.
« C’est archi faux ! », rétorque d’emblée l’administrateur – ou un des gestionnaires – de ce compte. Car Le Monde a pu joindre longuement « Gauthier Pasquet » le 25 mai par téléphone : sa voix masculine a un accent africain et s’exprime dans un français soutenu. Il affirme ne pas avoir « attendu la France ou un quelconque soutien pour défendre les pays réputés comme étant des valets de l’impérialisme français », dit-il, en référence à la Côte d’Ivoire et au Niger.
L’homme au bout du fil dit nous appeler « depuis l’Afrique », sans vouloir préciser davantage sa localisation. Quelle est sa nationalité, son âge, son métier, ses soutiens ? « Je suis un citoyen amoureux du monde libre. Un cyberpatriote qui agit seul, par passion », s’enorgueillit-il seulement en riant.
Source :
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com