Quelque chose est en train de changer chez les Maghrébins de France

[TRIBUNE] - Alors que notre pays s'enfonce dans une culture du rejet de l'autre, pourquoi ne pas rendre hommage à ces étrangers qui nous apportent tant?

Quand le Maghrébin passe pour un fraudeur social, quand l’immigré devient bouc émissaire, c’est que la France file un mauvais coton. Cette atmosphère xénophobe et asphyxiante est épinglée par des organismes nationaux aussi bien qu’internationaux, mais aussi par des élus. Pourtant, si les personnes ainsi visées et humiliées expriment une réelle souffrance face à cette situation, je sens monter la tendance lente et sûre d’un changement de posture.

Il s’agit aujourd’hui de ne plus accepter les mensonges et les diffamations. Contrairement à leurs parents primo-arrivants en France, ces personnes décident aujourd’hui de porter avec fierté les deux cultures, maghrébine et européenne. Lorsque la question identitaire est omniprésente, elle met en danger la communauté nationale une et indivisible comme la République.

Les diasporas maghrébines du monde se parlent et comparent leurs vécus. J’ai moi aussi voulu interroger des expatriés maghrébins du monde entier pour comparer leurs expériences. Ce sont des femmes et des hommes éparpillés sur les cinq continents, bien loin des stéréotypes entretenus dans l’Hexagone. Elles et ils travaillent dans la médecine, la finance, la fonction publique, les mathématiques ou la gastronomie, elles et ils sont ingénieur, chercheuse ou banquier… Partout, le constat est le même: l’immigration, pour les sociétés qui l’accueillent, n’est pas un problème, mais bien une partie de la solution face à la crise que vit la planète.

La première idée qui émerge, c’est que la question identitaire pèse bien moins, au quotidien, sur les Maghrébins quand ils ne vivent pas en France, où les Africains du Nord portent cette assignation comme un boulet. Même si la résistance s’installe très clairement, les Maghrébins de France se sentent réduits à leurs origines et soumis à une injonction permanente de devoir choisir une culture par rapport à l’autre et de répondre aux stéréotypes que l’on a définis pour eux.

Ceux qui vivent ailleurs sont bien moins préoccupés par la question identitaire. C’est une forme d’émancipation qui leur permet d’exprimer sans tabou leur singularité. Leur rapport avec leur culture d’origine est bien plus apaisé et leur liberté est telle qu’ils ne craignent pas de paraître trahir ou négliger leurs origines lorsqu’ils apprécient et sont curieux d’autres civilisations. Sans avoir à se justifier dans leurs pays d’accueil, ils aspirent davantage à sensibiliser leurs enfants au monde qu’à les restreindre à une ou deux cultures. Ils revendiquent, par exemple, de pouvoir plus vibrer au son de la soul qu’à certaines musiques maghrébines.

Une d’entre elles voudrait être considérée avant tout comme une femme libre, mère de famille, compétente dans son métier et ayant de nombreux centres d’intérêts. Dans le même esprit, une autre souhaite qu’on la considère plutôt comme une jeune mathématicienne féministe et progressiste. Pour autant, tous sont fiers de présenter leur culture au pays d’accueil. Leurs enfants veulent apprendre la langue de leurs parents, puisqu’ils vivent dans des pays où «Arabe» n’est pas un gros mot. Ils sont attachés aux souvenirs d’enfance, à la famille, à la nourriture et à la démonstration des affects. Certains, expatriés dans des pays qu’ils ressentent comme froids, météorologiquement et émotionnellement, sont en manque de chaleur humaine.

Quand le Maghrébin passe pour un fraudeur social, quand l’immigré devient bouc émissaire, c’est que la France file un mauvais coton. Cette atmosphère xénophobe et asphyxiante est épinglée par des organismes nationaux aussi bien qu’internationaux, mais aussi par des élus. Pourtant, si les personnes ainsi visées et humiliées expriment une réelle souffrance face à cette situation, je sens monter la tendance lente et sûre d’un changement de posture.

Il s’agit aujourd’hui de ne plus accepter les mensonges et les diffamations. Contrairement à leurs parents primo-arrivants en France, ces personnes décident aujourd’hui de porter avec fierté les deux cultures, maghrébine et européenne. Lorsque la question identitaire est omniprésente, elle met en danger la communauté nationale une et indivisible comme la République.

Les diasporas maghrébines du monde se parlent et comparent leurs vécus. J’ai moi aussi voulu interroger des expatriés maghrébins du monde entier pour comparer leurs expériences. Ce sont des femmes et des hommes éparpillés sur les cinq continents, bien loin des stéréotypes entretenus dans l’Hexagone. Elles et ils travaillent dans la médecine, la finance, la fonction publique, les mathématiques ou la gastronomie, elles et ils sont ingénieur, chercheuse ou banquier… Partout, le constat est le même: l’immigration, pour les sociétés qui l’accueillent, n’est pas un problème, mais bien une partie de la solution face à la crise que vit la planète.

La première idée qui émerge, c’est que la question identitaire pèse bien moins, au quotidien, sur les Maghrébins quand ils ne vivent pas en France, où les Africains du Nord portent cette assignation comme un boulet. Même si la résistance s’installe très clairement, les Maghrébins de France se sentent réduits à leurs origines et soumis à une injonction permanente de devoir choisir une culture par rapport à l’autre et de répondre aux stéréotypes que l’on a définis pour eux.

Ceux qui vivent ailleurs sont bien moins préoccupés par la question identitaire. C’est une forme d’émancipation qui leur permet d’exprimer sans tabou leur singularité. Leur rapport avec leur culture d’origine est bien plus apaisé et leur liberté est telle qu’ils ne craignent pas de paraître trahir ou négliger leurs origines lorsqu’ils apprécient et sont curieux d’autres civilisations. Sans avoir à se justifier dans leurs pays d’accueil, ils aspirent davantage à sensibiliser leurs enfants au monde qu’à les restreindre à une ou deux cultures. Ils revendiquent, par exemple, de pouvoir plus vibrer au son de la soul qu’à certaines musiques maghrébines.

Une d’entre elles voudrait être considérée avant tout comme une femme libre, mère de famille, compétente dans son métier et ayant de nombreux centres d’intérêts. Dans le même esprit, une autre souhaite qu’on la considère plutôt comme une jeune mathématicienne féministe et progressiste. Pour autant, tous sont fiers de présenter leur culture au pays d’accueil. Leurs enfants veulent apprendre la langue de leurs parents, puisqu’ils vivent dans des pays où «Arabe» n’est pas un gros mot. Ils sont attachés aux souvenirs d’enfance, à la famille, à la nourriture et à la démonstration des affects. Certains, expatriés dans des pays qu’ils ressentent comme froids, météorologiquement et émotionnellement, sont en manque de chaleur humaine.

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Fatma Bouvet de la Maisonneuve

 

 

Source : Slate (France) – Le 09 mai 2023

 

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