Mauritanie – L’Appel de Jowol à la prière de Kaédi / Par Tijane BAL

Est-ce vraiment un hasard si un Dictionnaire (de Science politique) renvoie la notion de «Mythe politique» à celle de «Symbolique politique ?» comme si les deux étaient interchangeables ?

C’est que l’une et l’autre mobilisent des approches similaires. La symbolique politique est d’ailleurs définie par les auteurs de l’ouvrage comme un « système organisé de signes, surchargé de significations, fonctionnant comme réactivation de codes culturels de comportements ».

L’adjectif surchargé n’est peut-être pas anodin. Il est aussi question de « représentations de la réalité sociale ». Ce qui est bien une des dimensions et aussi des limites du mythe. Quelqu’un a dit que l’on se racontait des histoires pour continuer à vivre. Cela vaut à titre personnel. De même, on s’invente des mythes pour continuer à exister tant bien que mal collectivement. Les fameux « codes culturels de comportements» sont justement censés y aider.

Dans le même ordre d’idées, la symbolique se reconnaît à la « pluralité des informations qui s’y rattachent et à son aptitude à « mobiliser des projections émotionnelles ». Les « liturgies », « cérémonies»  et « exhibition du pouvoir», autrement dit la scénographie, en seraient-elles des vecteurs ?

C’est en tout cas vraisemblablement à ce registre qu’il faut rapporter la cérémonie récente de signature de l’Appel dit de Jowol par le 1er ministre mauritanien et par ses ministres. Un de ces actes censés activer des «croyances mobilisatrices d’affects» nécessaires à la diffusion d’un message. L’exercice n’est pas sans limites. Les mêmes probablement que celles inhérentes à toute symbolique.

La principale tient à la concurrence du combat livré par la réalité, par les réalités et ce tant il est vrai que la force de la symbolique ne suffit pas à dissoudre la vraie vie. De plus, l’abus de symbolique finit par susciter la suspicion et par générer les «questionnements déstabilisateurs de croyances» que celle-ci était censée contenir. Où l’on retrouve l’idée de «surcharge».

Trop de symbolique confine à l’inanité et à l’incrédulité. Un autre risque en sus de celui de la confrontation avec le réel. Les faits sont des choses disait le sociologue. «Les faits sociaux sont des choses», pour être précis. On ne saurait mieux dire

Tijane BAL pour Kassataya.com

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