Voyager en avion, un cauchemar des temps modernes

Prendre l'avion de nos jours s'apparente à un parcours du combattant qui du départ à l'arrivée ne vous laisse aucun répit.

Slate – Probablement a-t-il existé une époque où prendre l’avion s’accommodait avec l’idée de plaisir. On montait dans un avion comme on allait à la fête foraine, l’esprit léger et le cœur en liesse. On devait y rêver des semaines à l’avance, grisé à l’idée que bientôt on se retrouverait à 10.000 pieds d’altitude, en route vers des destinations de rêve, de lointains Acapulco où on passerait ses journées à barboter les pieds dans l’eau.

Tout cela a bien changé. De nos jours, choisir l’avion comme moyen de transport équivaut à signer un pacte avec le diable, une épreuve encore plus stressante que de passer le bac. Il faut arriver des heures à l’avance à l’aéroport, montrer patte blanche à des officiers de la sécurité qui vous regardent comme si vous étiez le fantôme de Ben Laden en personne. Prier pour que son bagage ne dépasse pas les limites autorisées et le voir disparaître parmi des millions d’autres sans être assuré de le revoir jamais.

Une fois, dix fois, cent fois, autant que nécessaire, montrer son passeport, sa carte d’embarquement, son certificat de mariage, son diplôme de bar-mitsvah, les ranger, les ressortir, les perdre, les retrouver au fond de son sac à dos, les exhiber à nouveau pour acheter un journal, une barre chocolatée, un paquet de préservatifs, les tendre d’une main lasse à quiconque les exige en un rituel qui vous donne envie de rentrer chez vous vous coucher.

La sécurité. Tout enlever, chaussures, blouson, chapeau, ceinture, lunettes, pièces de monnaie, coupe-ongles, briquet, pansements, mouchoirs, les entasser dans des boîtes minuscules d’où ils débordent de partout, extirper son putain d’ordinateur et lui faire subir le même sort sans oublier de balancer votre bouteille d’eau dans la poubelle sans quoi on vous passe à la guillotine, passer à travers la machine à rayons X, lever les bras au ciel comme un pingouin sous acide, biper pour un rien, être pris à partie par un molosse qui vous fouille comme si vous abritiez de la dynamite sous vos aisselles, tout récupérer dans un empressement fébrile qui vous voit mettre vos chaussures sur votre crâne et votre chapeau à vos pieds.

Repérer votre porte d’embarquement située à l’autre bout du monde, acheter une bouteille d’eau qui coûte le prix d’un grand Bordeaux, pisser tout son saoul au-dessus d’une cuvette où dansent, équivoques et rances, des poils de pubis emmêlés, réclamer sa dose de savon qui ne vient jamais, se torcher les mains au son affreux d’un séchoir en bout de vie, filer le long de couloirs encombrés de voitures tamponneuses prêtes à vous écrabouiller si vous ne répondez pas à ses coups de klaxon, rejoindre ses futurs compagnons de traversée et s’apercevoir qu’il reste encore deux heures à tuer.

Patienter. Tendre l’oreille à chaque annonce, écouter la chaotique liste de passagers convoqués au comptoir, se demander si on a bien été appelé, se lever, se rasseoir, guetter la prochaine annonce comme s’il s’agissait de savoir si on était sur la liste des prochains déportés, oui, non, oui, pourquoi moi? De quoi suis-je coupable encore ? «Votre passeport s’il vous plaît», le chercher, ne pas le trouver, paniquer, le voilà, il s’était perdu dans votre paquet de chips, se rasseoir sous le regard des autres passagers pour qui désormais vous êtes un terroriste en puissance.

Embarquer au pas lent d’un troupeau en route pour l’abattoir. Patienter des plombes derrière un voyageur qui vous présente son postérieur pendant qu’il s’escrime à faire rentrer un bagage dans son compartiment réservé, crapahuter au fond de la carlingue, valdinguer sous le poids de sa valise au moment de la ranger dans son coffre, découvrir avec horreur que vous êtes assis tout à côté d’une personne atteinte d’un léger surpoids ou alors encombrée d’un nouveau-né qui les joues écarlates hurle à fendre un hublot.

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Source : Slate (France)

 

 

 

 

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