« Il est urgent de réformer le FMI »

Même s’il a chassé le terme « austérité » de son vocabulaire, le Fonds monétaire international est à nouveau confronté à ses vieux démons, analyse Julien Bouissou, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

Le Monde – Plutôt sombrer dans la faillite que demander l’aide du Fonds monétaire international (FMI). Six mois après avoir obtenu un accord de principe de l’institution pour un prêt de 1,75 milliard d’euros, la Tunisie y a finalement renoncé, début avril, alors qu’elle traverse une grave crise économique et sociale. « Les diktats provenant de l’étranger et qui ne mènent qu’à davantage d’appauvrissement sont inacceptables », s’est emporté le président tunisien, Kaïs Saïed.

Le FMI conditionnait son aide à plusieurs réformes, dont une ouverture des entreprises publiques aux capitaux privés et une baisse des subventions de l’Etat, notamment sur le prix de l’essence. Des mesures qui rappellent celles exigées en décembre 1983, comme la levée des subventions sur les prix des céréales, qui avaient entraîné les grandes émeutes de la faim et avaient failli provoquer la chute du président Habib Bourguiba.

Le FMI a aussi laissé de mauvais souvenirs ailleurs. En pleine crise économique et sociale en Indonésie, le président Suharto avait été chassé du pouvoir en 1998 après avoir augmenté le prix de l’essence pour répondre aux exigences de l’institution.

 

Alors que le monde connaît la pire crise de la dette depuis les années 1980, le FMI est à nouveau confronté à ses vieux démons. Même s’il a chassé le terme « austérité » de son vocabulaire et qu’il recommande de « cibler » les subventions plutôt que de les couper, plusieurs études, notamment de l’université de Boston, montrent qu’il n’a pas vraiment mis fin à ses politiques d’antan.

 

Changer d’approche

 

Dans le contexte actuel, très différent de celui des années 1980, le FMI se montre incapable de régler le problème de la dette des pays pauvres, qui s’aggrave, jour après jour, avec la hausse mondiale des taux d’intérêt. Pendant la pandémie de Covid-19, les emprunts massifs ont permis de sauver les économies des pays riches, alors qu’ils ont poussé les plus pauvres au bord de la faillite ; 60 % des nations à bas revenu, lesquelles abritent 700 millions d’habitants, risquent le défaut de paiement.

 

Qu’a fait le FMI pour leur venir en aide ? Il s’est contenté de distribuer des aides d’urgence, par le biais de fonds spéciaux, sans régler le problème de la restructuration des dettes de ces pays, ce qui bloque leur développement. Certes, la responsabilité est partagée. En l’espace de vingt ans les pays pauvres et émergents ont davantage emprunté auprès des marchés et de Pékin.

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Source : Le Monde

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