Vanity Fair – Décidément il semblerait que le gouvernement russe soit plus inventif que les meilleurs scénaristes de fiction. Sergey Cherkasov, un prétendu étudiant brésilien de la célèbre université John Hopkins, serait en fait un agent russe infiltré, membre de l’unité de renseignements GRU. C’est ce qu’indique l’acte d’accusation déposé par le ministère de la Justice vendredi dernier. Pour étayer son dossier, le ministère s’appuie sur de nombreuses enquêtes transnationales, selon le Washington Post.
Présent aux USA depuis 2018, l’homme originaire de Kaliningrad avait pour mission de se constituer un réseau au sein de la capitale américaine, notamment au sein de l’establishment de la sécurité américaine, du département d’État à la CIA. Il envoyait régulièrement des rapports à ses patrons du service de renseignement militaire russe, le GRU, sur la façon dont les hauts responsables de l’administration Biden réagissaient au renforcement de l’armée russe avant la guerre en Ukraine, selon un affidavit du FBI.
Il a failli obtenir un poste à la Cour pénale internationale de La Haye. Il devait commencer un stage de six mois là-bas, l’année dernière – juste au moment où le tribunal a commencé à enquêter sur les crimes de guerre russes en Ukraine – avant d’être interpellé par les autorités néerlandaises agissant sur la base d’informations relayées par le FBI. Il a ensuite été extradé vers le Brésil, où il a été arrêté et purge actuellement une peine de 15 ans de prison pour fraude documentaire liée à sa fausse identité.
Pas d’extradition
Un ping-pong diplomatique débute alors. Les Russes demandent son extradition vers leur territoire, arguant qu’il s’agirait en fait d’un trafiquant d’héroine en fuite. Version d’abord contredite par le principal intéressé, qui finalement corrobore les faits, aggravant donc son cas. Le gouvernement américain qui a émis un mandat d’arret fédéral, n’a pour l’instant pas émis de demande d’extradition, mais pourrait bientôt le faire pour éviter le retour du prétendu espion en territoire russe.
La haute cour de justice du Brésil a, quant à elle, déclaré qu’aucune extradition ne pouvait avoir lieu tant que la police fédérale du pays n’aurait pas diligenté une deuxième enquête axée sur les activités d’espionnage présumées de de Sergey Cherkasov.
Le supposé agent gardait sur son ordinateur un document écrit en portugais, ressemblant aux notes d’un acteur essayant de se familiariser avec un rôle. Il était écrit au début «Je suis Victor Muller Ferreira», avant de poursuivre par une histoire artificielle parsemée de détails aléatoires: son aversion pour l’odeur du poisson près d’un pont à Rio de Janeiro, et une affiche de Pamela Anderson dans un atelier de mécanique où il travaillait soi-disant.
D’autres passages semblent anticiper les soupçons concernant ses cheveux blonds et son accent étranger. Il est suggéré de parler d’une ascendance allemande et de longues périodes hors du pays au cours desquelles ses compétences en portugais auraient décliné.
À lui seul, le script maladroit reflète un manque de finition professionnelle. Le fait qu’il le portait toujours avec lui sur un ordinateur portable une décennie plus tard, selon le document du FBI, est une violation surprenante de la sécurité opérationnelle.
Source : Vanity Fair
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Un journaliste américain, accusé d’espionnage, arrêté en Russie
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