Des manifestations monstres, des ministres limogés : que se passe-t-il en Israël ?

Le HuffPostBenjamin Netanyahu concentre toutes les critiques à cause d’une réforme judiciaire jugée dangereuse pour la démocratie. Son gouvernement le plus à droite de l’histoire du pays est en train d’exploser.

« Démocratie » et « liberté », scandent-ils. À Jérusalem, Tel Aviv ou Haïfa, des milliers d’Israéliens manifestent depuis le début de l’année contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le plus à droite jamais constitué dans l’histoire du pays.

Dans la nuit du dimanche au lundi 27 mars, ils étaient encore très nombreux à converger vers la rue Kaplan de Tel-Aviv, épicentre de la contestation après que le chef du gouvernement a limogé son ministre de la Défense qui demandait à mettre en pause un texte contesté sur la justice. Quelques heures plus tard, le chef de la plus grande centrale syndicale a appelé à une « grève générale » immédiate.

Il y a quelques jours, Benjamin Netanyahu, en partance pour une visite officielle à Rome, avait dû rallier l’aéroport international Ben-Gourion, près de Tel Aviv, à bord d’un hélicoptère à cause du blocage des routes par des centaines de voitures. Les protestations ont également contraint le ministre de la Défense américain, Lloyd Austin, à écourter sa visite en Israël début mars. « Le droit d’expression n’est pas la porte ouverte à l’anarchie et ne doit pas perturber la vie des citoyens », réagissait alors le ministre de la Sécurité nationale, l’ultranationaliste Itamar Ben Gvir, chantre de l’extrême droite et l’une des personnalités les plus controversées du gouvernement. « Il est interdit de bloquer les axes de circulation principaux », a-t-il prévenu.

 

Deux issues : une « catastrophe » ou une « solution »

 

Ces manifestations monstres visent plus particulièrement la réforme judiciaire menée par l’exécutif. Elle permettrait au Premier ministre de nommer les juges et au Parlement de renverser les décisions prises par la Cour suprême avec une majorité simple. Ses opposants estiment être témoins d’un véritable affront à la démocratie.

Le gouvernement affirme de son côté que la réforme est nécessaire pour rétablir un rapport de force équilibré entre les élus et une justice « indépendante », mais pas « omnipotente », selon les mots de Benjamin Netanyahu, qui accuse la Cour suprême d’être politisée. Ironie de l’histoire : le Premier ministre étant poursuivi pour corruption dans plusieurs affaires, il pourrait se servir de sa réforme pour casser un éventuel jugement venant à le condamner.

Demonstrators march with torches and with Israeli national flags during a protest against the government's controversial judicial reform bill in Tel Aviv on March 9, 2023. (Photo by JACK GUEZ / AFP)
JACK GUEZ / AFP
Des Israéliens manifestent contre la réforme judiciaire voulue par le gouvernement de Benjamin Netanyahou, le 9 mars 2023 à Tel Aviv.

Même le président israélien Isaac Herzog, habituellement cantonné à un rôle de représentation, est déjà intervenu à plusieurs reprises pour exprimer son opposition à cette loi. Ce lundi matin, il a encore appelé le gouvernement à « arrêter immédiatement » le processus législatif. « Nous avons été témoins la nuit dernière de scènes très difficiles. La nation entière est en proie à une profonde inquiétude. Notre sécurité, notre économie et notre société sont toutes menacées », a-t-il écrit. Quelques jours plus tôt, il avait qualifié le texte de « menace sur les fondements de la démocratie ».

Les réservistes rejoignent la lutte

Selon lui, il y a seulement deux issues à cette crise politique : une « catastrophe » ou une « solution ». En tout cas pour l’instant, la crise s’enlise. Le 1er mars, la police a utilisé la force avec des grenades assourdissantes et des canons à eaux pour disperser les manifestants à Tel Aviv, une première depuis janvier, a rapporté l’agence Associated Press. Une vidéo de Reuters montre les fortes tensions entre les policiers à cheval face à la foule en colère dans cette ville qui borde la mer Méditerranée.

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Marie Terrier avec AFP

Source : Le HuffPost

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