Trump, coronavirus et désinfectant: confusion et consternation

Donald Trump n’est pas connu pour sa rigueur scientifique. Mais ses propos confus sur de possibles injections de désinfectant pour lutter contre le coronavirus ont suscité la stupéfaction.

« Je ne suis pas médecin mais je suis le genre de personne qui fonctionne bien d’ici », a lancé jeudi le président américain, en montrant son cerveau, lors d’un briefing sur le Covid-19 particulièrement chaotique.

Tout est parti de la présentation d’une étude – encore embryonnaire – selon laquelle le nouveau coronavirus s’affaiblit dans une atmosphère chaude et humide ainsi que sous les rayons du soleil.

Au cours de ses explications, Bill Bryan, haut responsable gouvernemental, a évoqué rapidement les études en cours sur le rôle que peuvent jouer les désinfectants pour combattre le virus sur certaines surfaces.

Mais lors d’une séquence de questions/réponses dont il est friand, le président de la première puissance mondiale a rebondi sur ce thème de façon stupéfiante.

« Je vois que le désinfectant l’assomme (le coronavirus) en une minute. Une minute. Et est-ce qu’il y a un moyen de faire quelque chose comme ça avec une injection à l’intérieur ou presque comme un nettoyage? », a-t-il déclaré.

Un peu plus tard, il a précisé qu’il n’envisageait pas une « injection » de désinfectant dans le corps humain. « Nous parlons du nettoyage et de la stérilisation de certaines surfaces », a-t-il souligné. Mais la confusion était semée.

Le fabricant du désinfectant Lysol, utilisé par des dizaines de millions d’Américains, s’est senti obligé de faire une mise au point écrite « en raison des spéculations intenses et de l’activité sur les réseaux sociaux ».

« Nos produits désinfectants ne doivent, en aucune circonstance, être administrés dans le corps humain (que ce soit pas injection, ingestion ou par quelque autre voie) ».

« Les conférences de presse de Trump sont un danger pour la santé publique. Boycottez la propagande. Écoutez les experts », a réagi sur Twitter l’économiste Robert Reich qui a travaillé pour plusieurs présidents démocrates.

– « Une très belle rumeur » –

AFP

Donald Trump lors du point de presse quotidien à la Maison-Blanche le 23 avril 2020

Sans s’attarder sur les propos présidentiels, la Maison Blanche a accusé les médias d’être engagés dans une croisade anti-Trump.

« Le président Trump a déclaré maintes fois que les Américains devaient consulter leurs médecins au sujet des traitements pour le coronavirus, un point sur lequel il a encore insisté pendant le briefing d’hier », a déclaré Kayleigh McEnany, sa porte-parole.

Et d’accuser les journalistes de sortir « de manière irresponsable » les propos de leur contexte pour en tirer à n’importe quel prix des titres négatifs.

Les images de la gêne manifeste du Dr Deborah Birx, membre de la cellule de crise de la Maison Blanche, assise près du président pendant ses déclarations, ont fait le tour des réseaux sociaux.

Pour Brett McGurk, ancien émissaire pour la lutte contre le groupe EI, qui a travaillé pour Barack Obama puis Donald Trump avant de démissionner, ces images étranges résument la difficulté – voire l’impossibilité – d’occuper un rôle de premier plan auprès de Donald Trump.

« Si vous êtes conseiller à haut niveau, votre intégrité est mise à rude épreuve », a-t-il souligné.

L’ancien homme d’affaires de New York n’en est pas à sa première polémique liés à ses propos sur de possibles traitements face à cette pandémie qui a fait plus de 50.000 morts aux Etats-Unis.

Après avoir longtemps vanté avec un enthousiasme débordant les possibles effets de la chloroquine, un antipaludéen qu’il a qualifié de possible « don du ciel », il s’est fait plus discret ces derniers temps.

« Nous avons eu des très bons résultats et nous avons des résultats qui n’étaient peut-être pas très bons. Je ne sais pas », a-t-il déclaré jeudi, avant de rapidement changer de sujet.

Jour après jour, c’est la légèreté avec laquelle il évoque différentes pistes au mépris de toute rigueur scientifique, et au risque de susciter de faux espoirs, qui provoque la consternation dans la communauté médicale.

« Il y a une rumeur, une très belle rumeur, selon laquelle vous allez au soleil ou vous avez chaud et cela a un impact sur d’autres virus. Mais cette fois, cela vient d’un des plus grands laboratoires du monde », a-t-il ainsi avancé jeudi en évoquant l’étude présentée quelques minutes avant.

Lorsque qu’un journaliste du Washington Post lui a fait remarquer que sa parole avait un poids particulier, que les Américains qui regardent le briefing quotidien étaient en quête d’informations et de conseils, pas de rumeurs, Donald Trump a explosé.

 

« Je suis le président et vous êtes Fake News! »

Washington (AFP)

 

Source : Courrier international

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