Mauritanie : la lenteur de la justice sur l’affaire de Chouvi Cheine inquiète les observateurs

Depuis les arrestations et les accusations d’homicide volontaire de quatre policiers sur l’affaire de l’activiste Chouvi Cheine, la justice semble prendre du temps.. Les Mauritaniens attendent un procès qui tarde à venir.

Cette période de flottement dure plus d’une semaine après les accusations d’homicide volontaire prémédité de quatre policiers sur les huit présumés, il y a anguille sous roche. Au regard des enquêtes diligentées par l’Etat sans le recours à une commission indépendante, ce crime apparaît comme une affaire d’Etat.

Les faits sont têtus Et pour la première fois le premier magistrat du pays est intervenu pour que la lumière soit faite en appelant à la rescousse les ministères régaliens de la justice et de l’Intérieur pour éteindre l’incendie dans la maison Etat. Les boucs émissaires sont désignés avec le commissaire de police en première ligne et trois autres de la police judiciaire accusés de dissimuler les preuves sur les tortures qui ont entraîné la mort de l’activiste Chouvi Cheine. La justice s’est livrée donc à une véritable course contre la montre pour un procès qui tarde à venir et pour répondre aux pressions de l’opinion publique et même des Imams et des érudits ont brisé le tabou.

Tout laisse penser qu’il s’agit d’une affaire d’Etat dans laquelle les fonctionnaires de la police sont incriminés dans un crime qui fait voir sur la scène des dysfonctionnements inhérents à un système tout répressif. L’histoire retiendra que toutes les affaires d’Etat dont les auteurs présumés criminels sont issus des forces armées et de sécurité depuis 1978. Tous les crimes sont impunis.

Du génocidaire Ould Taya responsable de l’assassinat d’au moins une centaine de négro-africains tués dans des fosses communes dans la vallée en 1989 lors des déportations de milliers de négro-africains au Sénégal et au Mali. Et en 1991, l’assassinat de 28 soldats négro-africains par l’armée à Inal et dont les veuves  et orphelins réclament toujours leurs corps pour des sépultures dignes.

Aucune poursuite judiciaire n’a abouti au tribunal. Et plus récent l’assassinat par des forces de l’ordre du jeune Lamine Mangane lors des manifestations à Maghama au sud du pays pour protester contre le génocide biométrique initié par Ould Aziz en 2019. Le présumé assassin gendarme  est simplement muté dans une autre région. Et enfin au début du quinquennat de Ould Ghazouani l’assassinat par une patrouille de l’armée du citoyen Abass Diallo à Wending dans le département de MBagne au Sud du pays. L’affaire est classée. Les Mauritaniens ont l’espoir que l’affaire Chouvi Cheine fera date dans l’histoire.

 

 

 

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 02 mars 2023)

 

 

 

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