
Néma va accueillir jeudi prochain le conseil des ministres après Rosso. Une délocalisation considérée par les observateurs comme une instrumentalisation politique du président Ould Ghazouani pour accélérer son programme prioritaire.
Côté pile, Ould Ghazouani entend faire des délocalisations du conseil des ministres, un instrument politique pour rapprocher le gouvernement des populations et certainement l’occasion de préparer les élections de mai prochain. Un enjeu pour conserver la majorité. Ce n’est pas un hasard si le président mauritanien a choisi d’abord Rosso pour le premier conseil des ministres délocalisé et Néma, la deuxième ville.
Le Trarza et le Hodh Chargui sont deux régions qui comptent non seulement électoralement avec plus d’inscrits pour les prochaines élections mais aussi économiquement. Ould Ghazouani a mis le paquet au niveau des investissements pour passer son programme prioritaire dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.
A Rosso le chef de l’Etat a laissé entendre l’accélération de sa politique agricole avec l’appui des hommes d’affaires pour la mise en valeur des terres agricoles. Les attentes des populations du Hodh Chargui en matière de sécurité alimentaire sont encore plus grandes dans une région favorisée par un climat désertique.
Côté face, cette délocalisation s’apparente à un voile des véritables problèmes de la décentralisation pour un Etat qui concentre tout à Nouakchott et dont les influences tribales et régionales empêchent le développement local. Les raisons politiques ne sont pas suffisantes pour l’émergence de municipalités et de conseils régionaux viables pour soutenir une gestion autonome des populations de leurs propres affaires.
L’Etat providence continue de faire d’elles des éternels assistés du pouvoir central. Vu sous cet angle la décentralisation du conseil des ministres c’est de la poudre aux yeux pour préparer une pré-campagne du parti INSAV qui bat son plein.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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