Au Canada, la triche en forte hausse dans les universités

Embauche de tuteurs pour passer des examens, plagiats, fausses déclarations… les établissements d’enseignement supérieur canadiens recensent de plus en plus d’atteintes à l’intégrité académique.

Courrier Expat – En mars 2021, un étudiant de l’Université de Toronto a embauché un tuteur pour passer subrepticement un examen en ligne en son nom, rapporte The Globe and Mail. Avec des instructions précises : “J’ai besoin d’une note de plus de 80 % pour atteindre mon objectif, donc assurez-vous que vous avez la capacité de le faire.”

Mais le tuteur n’a obtenu que 62 % et l’étudiant n’a pas hésité à lui faire part de son mécontentement. Mal lui en a pris : le tuteur a révélé le stratagème aux autorités universitaires. Malgré cela, poursuit le quotidien, l’étudiant a récidivé en embauchant une autre personne pour passer un autre examen. Mais cette fois, il s’est fait pincer et a été exclu de l’université pour cinq ans. The Globe and Mail remarque :

“Son cas n’est qu’un exemple parmi des milliers d’une tendance importante et troublante, exacerbée par la pandémie. Les étudiants qui semblent enfreindre les règles d’intégrité académique sont plus nombreux que par le passé et davantage se font prendre.”

“Tout le monde le fait”

 

Les spécialistes de la question avancent trois facteurs pouvant amener un étudiant à commettre une infraction : la pression, l’opportunité de passer à l’acte et la tendance à rationaliser le méfait “quand on a le sentiment que tout le monde le fait”, précise Leah Wafler, de l’Université de la Colombie-Britannique.

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À l’Université de l’Alberta, le nombre de cas d’indiscipline académique a doublé en 2020-2021 par rapport à l’année universitaire précédente. Les cas répertoriés à l’Université de Toronto et à l’Université Queen’s ont également doublé entre 2019 et 2021.

L’Université du Manitoba évoque 1 127 cas d’inconduite académique en 2021-2022. “Les sanctions pour collaboration inappropriée comprenaient l’obtention d’une note de zéro sur un devoir, l’échec d’un cours, la suspension temporaire du programme, ainsi qu’une note sur le relevé de notes d’un étudiant”, rapporte CBC. Le président de l’association des étudiants de l’université juge ces pénalités injustes. “Il y a un manque de compréhension de ce qui se passe”, réagit Jaron Rykiss. Il estime qu’il est primordial que l’établissement mette en place un système de soutien en cas d’inconduite. La présidente du comité disciplinaire de l’université, dit que l’école fera tout pour maintenir l’intégrité académique. Mais Sheryl Zelenitsky tient à préciser :

“Ni le stress ni la pandémie ne sont des excuses pour prendre des raccourcis.”

Une industrie florissante

Les universités en font-elles assez pour lutter contre l’inconduite universitaire ? demande la revue University Affairs. Selon Sarah Elaine Eaton, de l’Université de Calgary, environ 70 000 étudiants canadiens utilisent chaque année des services de triche qui opèrent en toute légalité. Une industrie qui générerait un chiffre d’affaires annuel de plus de 19 milliards d’euros. Et qui n’hésite pas à utiliser le chantage et l’extorsion.

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Martin Gauthier

 

 

 

 

 

 

Source : Courrier Expat (Le 21 février 2023)

 

 

 

 

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