Le Point – Pour Moscou, Nouakchott est un acteur clé dans la lutte contre le terrorisme dans la région. À ce titre, le Kremlin pousse pour y installer une base navale.
La Mauritanie fait partie des rares pays sur le continent africain qui ont voté en mars 2022 la résolution des Nations unies appelant la Russie « à cesser immédiatement les opérations militaires en Ukraine ». À cette occasion, de nombreux États africains se sont abstenus ou n’ont pas voté. Pourtant, la Russie n’a pas renoncé à rechercher des voies de rapprochement avec ce pays sahélien de 4,6 millions d’habitants, charnière entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. Il faut dire que la Mauritanie, malgré sa coopération étroite avec la France et les États-Unis, a signé un accord militaire avec Moscou en juin 2021. Cet accord militaire serait la porte d’entrée de la Russie pour accroître son influence dans la sous-région, en y établissant une base navale.
Sergueï Lavrov a poursuivi à Nouakchott l’offensive diplomatique russe en Afrique, terrain d’une concurrence stratégique entre grandes puissances intensifiée par la guerre en Ukraine. Son homologue mauritanien Mohamed Salem Ould Marzouk a invoqué les « règles du droit international », tout en disant « comprendre » les préoccupations sécuritaires russes en Europe.
Mardi au Mali, dont la Russie est devenue le partenaire privilégié après la prise de pouvoir par les militaires, le chef de la diplomatie russe a promis l’aide de Moscou aux pays du Sahel et du Golfe de Guinée contre les djihadistes, et laissé présager une implication accrue sur le continent.
La Mauritanie, un acteur clé dans la lutte contre le djihadisme
Après avoir elle-même fait les frais de la poussée djihadiste, la Mauritanie, vaste pays majoritairement désertique de 4,5 millions d’habitants, n’a plus connu d’attaque depuis 2011 alors que le djihadisme se propageait ailleurs au Sahel, au Mali, au Burkina Faso et au Niger, jusqu’à menacer à présent le Golfe de Guinée plus au sud.
La Mauritanie fait partie, avec le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, du G5 Sahel, que le Mali a quitté en 2022, et de sa force conjointe antidjihadiste soutenue par la France, les États-Unis et l’ONU. Paris revendique avec Nouakchott une importante coopération de sécurité et de défense, en plus du développement.
La Mauritanie a par ailleurs voté en mars 2022 la résolution de l’ONU demandant à la Russie de cesser immédiatement ses opérations militaires en Ukraine, alors que de nombreux pays africains s’abstenaient ou se gardaient de prendre part au vote. Elle a voté en octobre une résolution contre l’annexion de quatre régions d’Ukraine par la Russie. Elle s’est en revanche abstenue en novembre lors d’un vote sur des réparations de guerre que la Russie devrait verser à l’Ukraine. « Nous avons exprimé notre respect envers la politique de neutralité menée par la Mauritanie de manière conséquente sur tous les axes », a dit Sergueï Lavrov lors d’une déclaration devant des journalistes.
Au cœur des dossiers chauds
« Cette neutralité n’empêche pas la Mauritanie de jouer un rôle actif dans l’examen des problèmes du continent africain, avant tout ceux qui existent à proximité de la Mauritanie. Je parle de la menace terroriste dans la région sahélo-saharienne et des tâches menées pour faire sortir de l’impasse le processus de règlement dans le Sahara occidental », frontalier de la Mauritanie et théâtre d’un conflit entre le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, a-t-il dit. « Nous allons apporter un soutien actif à ces efforts de nos amis africains, en partant du principe qu’ils ont intérêt à ce qu’on les assiste dans ce travail », a-t-il ajouté.
Source : Le Point (France)
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