Mauritanie : l’appel de Rosso de Ould Ghazouani pour la souveraineté alimentaire est un leurre politique

En affirmant qu’un pays qui ne dispose pas d’une souveraineté alimentaire est un pays qui n’est pas indépendant économiquement, Ould Ghazouani fait un aveu d’échec de la politique agricole  menée jusqu’ici par ses prédécesseurs depuis 1960. Ce message présidentiel s’inscrit dans une démarche pré-électorale dans les capitales régionales pour le parti INSAV.

L’appel de Rosso cette semaine pour la souveraineté et la sécurité alimentaire à l’occasion d’un conseil de ministres décentralisé ne s’adresse pas aux 3 millions de Mauritaniens qui meurent de faim et de soif mais aux cadres du parti INSAV et au gouvernement et à l’administration territoriale. C’est seulement après trois années de gouvernance que Ould Ghazouani s’aperçoit que la situation de l’insécurité alimentaire est inacceptable.

Un aveu d’échec de sa politique agricole qu’il espère remettre sur les bons rails avec une mécanisation de l’agriculture pluviale et irriguée. C’est le sens de la première étape du Trarza, une région dont les potentiels agricoles ne sont plus à démontrer.

Mais cette modernisation de l’agriculture ne va pas sans une réforme de la propriété foncière, un véritable casse-tête pour régler les litiges auxquels font face les agriculteurs et les propriétaires terriens. Le gouvernement lance une révision de la législation mais cela est insuffisant pour les populations attachées aux terres ancestrales.

La réalisation de l’autosuffisance alimentaire est un leurre si l’Etat ne change pas sa politique d’occupation de la vallée avec l’entrée en puissance des hommes d’affaires nationaux. L’appel de Rosso comme l’appel de Tichitt ou encore l’appel de Ouadane ne règle pas la pauvreté des Mauritaniens encore moins l’inégale répartition des richesses naturelles ou la difficile cohabitation entre les différentes composantes nationales.