Toomaj Salehi, le rappeur iranien qui risque la peine de mort

L’artiste iranien de 33 ans est emprisonné depuis le 30 octobre. Dans ses chansons comme sur les réseaux sociaux, il encourage la jeunesse à combattre le régime en place.

M le Mag  – La vidéo a été filmée au cours d’une manifestation nocturne par le rappeur Toomaj Salehi. En bruit de fond, on entend des tirs ainsi que des femmes et des hommes qui crient : « A bas le dictateur ! » La voix du chanteur de 33 ans, entrecoupée par le son des armes, commente la scène. « La plupart de ceux qui manifestent ont entre 15 et 25 ans. Ils le font contre l’humiliation, les intimidations et les insultes qu’ils subissent depuis quarante-trois ans sous la République islamique d’Iran. Comment est-ce possible de laisser seuls ces gens ? »

Il s’adresse ensuite directement à ceux qui regardent la vidéo : « Je ne peux pas vous dire de venir manifester parce que je suis incapable de garantir votre sécurité, mais je vous invite à soutenir vos compatriotes de toutes les manières possibles. Si vous pensez que votre présence, même sans scander de slogan et sans mener d’action ­politique, est utile, soyez les bienvenus ! Vous êtes chez vous dans la rue. » Cette vidéo a été publiée le 22 septembre sur le compte Instagram aux plus d’un million d’abonnés de Toomaj Salehi.

 

Textes contestataires

 

L’artiste est une célébrité en Iran, où le rap est un genre de musique très populaire. Dans ses chansons, il parle de la classe défavorisée, exprime le ras-le-bol des jeunes Iraniens contestataires qui rejettent tout compromis et toute compromission avec la République islamique d’Iran. « Si tu as constaté la souffrance du peuple et que tu as fermé les yeux, si tu as fait abstraction de l’injustice (…), tu es complice du tyran », chante-t-il dans Soorakh Moosh (« trou de ­souris »), son tube, sorti en juillet 2021.

 

Toomaj Salehi est honni par le pouvoir parce que ses textes parlent ­toujours de politique (celles et ceux qui, comme lui, s’aventurent sur ce terrain le font de manière clandestine car ils risquent une lourde peine de prison). Même si les morceaux, diffusés sur les plates-formes SoundCloud, YouTube et Spotify, sont bloqués en Iran, ils restent accessibles grâce aux logiciels d’antifiltrage.

 

Le musicien a été arrêté le 30 octobre et emprisonné. Depuis son incarcération, plusieurs de ses proches utilisent ses comptes sur les réseaux sociaux pour donner de ses nouvelles et informer sur les manifestations en cours en Iran. Début novembre, les médias officiels iraniens publiaient une vidéo d’un homme présenté comme le rappeur. Assis à terre, les yeux bandés, celui-ci semblait tenter de se protéger d’un coup, posant une main tremblante sur son oreille gauche. D’une voix tremblante, l’homme disait : « J’ai commis une erreur en intimant aux forces de sécurité de partir. » Une référence à une autre vidéo de Toomaj, dans laquelle ce dernier s’adressait d’un ton menaçant aux militaires qui s’en prenaient aux manifestants pour leur demander de dégager.

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Ghazal Golshiri

 

 

 

 

Source : M le Mag Le Monde 

 

 

 

 

 

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